Hier, un tribunal d'Istanbul a inculpé et fait écrouer deux personnes soupçonnées de lien avec le réseau putschiste présumé « Ergenekon ». La mise sous écrou des deux hommes, l'universitaire Yalçin Küçük et le colonel à la retraite Mustafa Levent Göktas, accusés d' « appartenance à une organisation terroriste », porte à 17 le nombre de membres supposés du réseau « Ergenekon » placés en détention provisoire au cours des derniers jours. Les 17 inculpés, dont 4 officiers de l'armée, faisaient partie d'un groupe de 33 suspects arrêtés mercredi dernier. Les seize personnes restantes, incluant trois généraux à la retraite, ont été relâchées. L'un des ex-généraux, Erdal Sener, ancien conseiller juridique de l'état-major, s'est toutefois vu interdire de quitter le territoire. Le réseau « Ergenekon » est accusé d'avoir voulu déstabiliser le pays par des actions violentes pour préparer le terrain à un putsch qui renverserait le gouvernement issu de la mouvance islamiste, au pouvoir depuis 2002. En octobre, a débuté près d'Istanbul le procès de 86 personnes, parmi lesquelles des officiers à la retraite, des journalistes, des hommes politiques, des membres de la pègre, accusées d'appartenir au réseau. Une trentaine d'autres prévenus, dont l'ancien chef de la gendarmerie, Sener Eruygur, ont été arrêtés par la suite, mais n'ont pas encore été inclus dans l'acte d'accusation. La cour de cassation a ordonné en décembre le rattachement au procès « Ergenekon » un attentat visant le Conseil d'Etat, au cours duquel un juge avait été tué et quatre autres blessés en février 2007. L'opération a été vivement critiquée par l'opposition et par différentes personnalités de la société civile affirmant que l'enquête était devenue un instrument du gouvernement du Parti de la justice et du développement (AKP) pour faire taire l'opposition, une accusation rejetée par le gouvernement qui a appelé au respect de l'indépendance de la justice. Parmi les personnes inculpées figure un ex-chef de la police spéciale, Ibrahim Sahin, personnage controversé impliqué dans les années 1990 dans un scandale politico-mafieux, précise l'agence. La cour a cependant décidé de relâcher neuf autres personnes, dont un général quatre étoiles à la retraite, Tuncer Kilinç, l'ex-secrétaire général du puissant conseil national de sécurité. Quatre autres suspects ont été déférés, hier, devant cette cour. Samedi, la même cour avait décidé d'inculper quatre officiers interpellés, mercredi dernier, lors d'une rafle de police dans plusieurs provinces. L'enquête a connu un rebondissement, vendredi, avec la découverte par la police près d'Ankara d'une cache d'armes contenant des lance-roquettes et des munitions sur la base d'un croquis appartenant à Ibrahim Sahin. Des excavations effectuées vendredi et samedi dans deux endroits à Ankara ainsi qu'à Hatay, dans le sud du pays, se sont révélées infructueuses. En octobre, a débuté le procès près d'Istanbul de 86 personnes : des officiers à la retraite, des journalistes, des hommes politiques, des membres de la pègre- accusées d'appartenir au réseau.