Devant le net recul du financement des activités culturelles par l'Etat, des espaces indépendants tentent de tirer leur épingle du jeu afin de répondre à la demande du public. Le mois de Ramadhan, dont les soirées sont toujours animées, a permis de jauger l'efficacité des acteurs privés en matière d'offre culturelle. Une des initiatives qui s'est distinguée est certainement le Vivarium, qui propose de faire dialoguer les générations, les disciplines artistiques et les publics. Disons-le, malgré les déclarations encourageantes des autorités, organiser des activités culturelles hors du cadre étatique reste une tâche périlleuse. Ajouté à cela le contexte économique difficile qui complique encore la tâche de trouver des fonds et des sponsors. Malgré toutes les embûches, l'aventure culturelle attire encore de jeunes entrepreneurs qui se lancent avec enthousiasme. Et cela peut donner de beaux résultats, à l'image du Vivarium. En activité depuis une année, cet espace situé dans le quartier huppé de Hydra dispose d'une galerie, d'une scène et un espace ouvert à toutes sortes d'expériences artistiques. Il se présente comme un lieu de sociabilité pour un public plus ou moins juvénile, mais un lieu où l'art et la culture sont fortement présents et en interaction. Ce Ramadhan, l'équipe a migré vers la terrasse d'un hôtel à Chéraga (banlieue ouest d'Alger). Des chanteurs y sont passés, de même que des plasticiens et photographes. Le public a pu faire la fête tout en découvrant les tendances artistiques du moment. Il a également pu admirer, à Dar Abdeltif, les œuvres tirées d'une initiative intitulée «Les Ateliers du désert» et organisée par le même collectif. Une quinzaine d'artistes ont passé une semaine à Taghit (oasis située dans la région de la Saoura) pour y dialoguer et produire ensemble des œuvres inédites. Y ont participé des plasticiens de différentes générations et styles, à l'image de Valentina Ghanem, Myriam Zeggat ou Merine El Hadj Abderrahmane, mais aussi des chanteurs et musiciens comme Amel Zen, Hayet Zerrouk ou Chakib Bouzidi et des photographes comme Khadidja Markemal et Jamel Matari… Une seconde édition est déjà annoncée pour le mois d'octobre prochain à Timimoun. De plus, un appel à participation à un atelier sur le recyclage est d'ores et déjà ouvert sur la page Facebook du groupe. Initié par Djawed Belkhoudja, le Vivarium adopte l'approche d'une agence d'événementiel totalement tournée vers l'activité culturelle et artistique. L'objectif (et le défi) est de trouver un modèle économique viable tout en gardant une indépendance et une ambition culturelle. Le financement peut venir, par exemple, d'ateliers payants animés par des artistes de renom, ou encore des consommations pendant les soirées du Ramadhan. Le but est aussi de mettre en lumière et d'accompagner la jeune scène artistique. En effet, l'intérêt de ces initiatives indépendantes est de capter les artistes, jeunes ou moins jeunes, évoluant hors des circuits et des cercles habituels. Ainsi, l'émergence d'une nouvelle scène de photographes algériens doit beaucoup à des espaces de ce genre (La Baignoire, Sylabs et d'autres...), qui ont permis au public de découvrir la riche et stimulante production de ces artistes. Evidemment, l'initiative privée est loin de disposer des même moyens et facilités que le secteur public, mais elle s'impose progressivement comme un complément nécessaire à celle-ci.