Voilà 14 ans que les parents d'enfants autistes avaient décidé de s'associer pour comprendre, aider et éduquer leurs enfants. En 2004, alors que l'autisme en Algérie était une maladie incomprise et méconnue, Wafa a vu le jour. Première association d'enfants autistes en Algérie, les parents, membres fondateurs, devaient mettre la main à la poche et créer cette structure d'accueil. Et depuis, ils se battent farouchement pour sauvegarder ce refuge. Plus les années passaient, plus les frais de l'association grandissaient. Pour financer leurs travaux, ils multipliaient les propositions de projets internationaux, afin de gagner les financements qui leur permettaient de survivre «Depuis 2008, on a compris qu'on devait trouver le moyen de financer notre structure coûte que coûte, et depuis, on multiplie les propositions de projets. Bien que ce soit épuisant et que l'abandon soit tentant pour nos enfants et ceux de ces familles qui n'ont pas où aller, on a le devoir de continuer», nous a confié Badiaâ Boufama, présidente de l'association. Mais une nouvelle loi vient perturber cette mission. D'après cette loi, tout financement international nécessite une autorisation des autorités, lesquelles demandes d'autorisation restent sans réponse, ce qui met l'association dans une situation inconfortable : accepter un argent qui leur est indispensable ou refuser à cause de la bureaucratie. «Avant cette loi, on devait seulement envoyer une lettre d'information au wali, mais maintenant il nous faut une autorisation. On est entre le marteau et l'enclume». Mais parce qu'il s'agit d'enfants, il est question de risques à prendre. «Il m'arrive de prendre des risques, je suis obligée d'accepter le financement parce que je n'ai pas d'autre choix. Qu'ils nous donnent les subventions et nous ne demanderons aucun financement étranger», a expliqué Mme Boufama. Il beaucoup reste à faire Bien que l'Etat ait prévu des classes obligatoires dans les écoles et les centres psychopédagogiques, le résultat est, d'après la présidente, décevant. «En tant que mère, je ne suis pas satisfaite de cette formule. Les enfants ont besoin d'une socialisation. Si c'est pour les mettre dans un milieu clos, je préfère les garder dans notre structure où on essaye de travailler sur l'intégration et l'autonomisation». Et dans les centres spécialisés, ce n'est pas encore gagné. «Une classe pour les autistes est prévue dans chaque centre, mais d'après les récits des parents qui viennent chez nous, les centres refusent d'admettre leurs enfants». Depuis 2016, l'association est devenue un centre pour autistes et déficients mentaux et a déménagé dans un local situé à la rue de Roumanie. Ce changement a été accompagné par l'octroi d'une subvention étatique de 500 millions de centimes. «Cela nous a permis de survivre ces deux dernières années, payant la nourriture, le personnel, les travaux, le matériel…», a-t-elle expliqué. Toutefois, la présidente affirme à propos des dons privés : «Nous avons plus de 180 enfants, autistes et déficients mentaux, qu'on doit nourrir, éduquer et encadrer. On paie tout, le pain, la pomme et les différents aménagements. Nous faisons un appel aux entreprises qui font des dons aux différentes associations et qui oublient la nôtre. Nous avons besoin de soutien, le travail que nous faisons est indispensable.»