Il s'agit d'éléments de réponses aux divers problèmes des parents d'enfants autistes et des professionnels des centres spécialisés de la wilaya. Deux professionnels de l'autisme chez l'enfant, Fatma Mamouni, psychologue formatrice au Relais Ile de France, et Daoud Tatou, directeur-fondateur de l'association du même nom, ont poursuivi, jeudi, à la maison de jeunes Ahmed Saâdi, l'exposé sur les outils de diagnostiques et les méthodes de prise en charge de l'enfant autiste à l'attention des parents et des professionnels des centres spécialisés de la wilaya de Constantine, et de l'association sétifienne «Les oiseaux du paradis». Cette approche préliminaire et théorique de ces différentes méthodes de travail sur les enfants autistes sera suivie, dans deux mois, d'une formation pratique. Ces formations, initiées dans le cadre du projet «Renforcement des capacités pédagogiques des intervenants dans la prise en charge des enfants autistes», chapeautées par l'association Wafa des parents d'enfants en difficulté mentale, et financées par l'Union européenne, apporteront des éléments de réponse aux parents d'enfants autistes - totalement désemparés pour la plupart face à la maladie-, et aux professionnels des centres spécialisés de la wilaya de Constantine dont le désarroi n'est pas moins intense, eu égard au déficit patent en matière de structures spécialisées dans la prise en charge de cette maladie. Le travail de fourmi effectué depuis plus de deux décennies par le Relais Ile de France sur la base de diverses méthodes : BECS (batterie d'évaluation cognitive et sociale), ADI (autism diagnostic interview, outil d'entretien avec les parents) et PEI (programme éducatif individuel), a démontré que le recours systématique à la médication n'est pas toujours une solution. «Les médicaments ne doivent être prescrits que dans les cas très lourds, et il faut savoir que chaque cas est unique ; nous proposons des thérapies basées sur une relation humaine très forte, avec l'implication effective des parents et des éducateurs, des activités diverses axées sur l'apprentissage de la vie quotidienne et le sport de thérapie, comme l'équithérapie, ou la natation dont l'efficacité n'est plus à démontrer», indique le directeur-fondateur de Relais Ile de France, Daoud Tatou. Selon lui, la pléthore de traitements, analyses du sang et autres régimes sans gluten proposés ces dernières années par des firmes commerciales, ont largement prouvé leur défaillance compte tenu de leur expérimentation menée sur une période assez conséquente. En matière d'approche thérapeutique de l'autisme, la solution demeure donc, selon lui, dans une grande proportion, tributaire du facteur humain. Et de ce fait, l'espoir d'une amélioration, -sans parler de guérison mais de différence-, reste très fort, comme le démontre l'émouvant film qui a été projeté par les hôtes du Relais, relatant le parcours et la réussite d'une autiste américaine de haut niveau, Temple Gamdin, dont l'intelligence brillante lui a permis de sortir de son autisme et de concevoir des abattoirs pour les animaux. Pour en revenir au centre de Constantine de l'association Wafa, sa directrice, Mme Badia Boufama, nous dira qu'il accueille pour l'heure une quarantaine d'enfants en difficulté mentale, dont la plupart n'ont pas de carte de handicapé leur ouvrant droit à un pécule, tel que stipulé par le ministère de la Solidarité. Elle tient, toutefois, à relever que la direction de l'action sociale a beaucoup fait pour ces enfants, et qu'à ce propos, ces mêmes services ont projeté de lui affecter des éducateurs spécialisés pour renforcer et éventuellement former son équipe sur terrain. Pour conclure, il faut garder à l'esprit que l'autisme est en augmentation «spectaculaire» dans le monde, selon des spécialistes. Dans la wilaya de Constantine, le nombre d'enfants autistes dépasse les 3000, sans compter les nombreux cas non connus.