Quand la population n'a plus aucun souci à faire des conditions d'hygiène dans lesquelles elle vit et les responsables locaux n'en font pas leur cheval de bataille, il y a péril dans la cité. C'est ce qui peut se déduire de ce désastre total en matière d'hygiène qui règne à la cité du 18 Février, dans la proche périphérie de la ville d'El Milia. Véritable jungle d'insalubrité, cette cité, l'un des plus grands groupements d'habitation de cette ville, est plongée dans un pitoyable état de saleté qui en dit long sur l'indifférence des uns et des autres à l'égard d'un tel désastre. «C'est ça le niveau, on n'y peut rien, c'est désolant», s'élève, sur un ton ironique, un habitant de cette cité. «Venez voir encore l'égout qui vient d'éclater au sein même de la cité, c'est bien plus répugnant qu'avant, il y a de quoi avoir peur de cette situation catastrophique», poursuit-il. Réalisée par une entreprise de l'ex-République yougoslave avant son éclatement, la cité des 312 Logements, qui a englobé d'autres blocs construits bien avant son inauguration pour devenir ensuite la cité du 18 Février, est aujourd'hui l'exemple le plus édifiant de la dégradation du milieu dans la ville d'El Milia. Des milliers d'habitants s'entassent dans ses blocs sans afficher la moindre répugnance à l'égard de ce qu'ils subissent en l'absence du moindre respect des règles d'hygiène. Même les blocs réhabilités dans le cadre d'une opération pilotée par la direction du logement continuent d'envoyer, à partir de leurs caves, des émanations fétides, selon un habitant. «Il y a eu un mauvais entretien des conduites», déplore-t-il. «Que voulez vous qu'on fasse, on s'est à maintes reprises adressé aux responsables locaux, mais ces derniers continuent d'ignorer nos doléances», s'offusquent, pour leur part, des habitants pour tenter de dégager leur responsabilité sur cette situation. Il y a lieu de rappeler qu'une campagne de nettoyage a été lancée en automne dernier dans cette cité, mais le semblant de propreté retrouvé n'a duré que quelques jours pour qu'ensuite tout redevienne pire qu'avant. Pour ceux qui ne la connaissent pas, la cité du 18 Février est aujourd'hui un ensemble de blocs d'habitation où prolifèrent un amas d'herbes sauvages et de plantes épineuses envahissantes. Une végétation touffue, où pullulent moustiques, rats et reptiles de toutes espèces, dans un milieu d'une incroyable insalubrité. Cet environnement est encore pollué par les eaux usées dégagées par des égouts éclatés çà et là et des dépôts d'ordures qui ne disparaissent jamais de cet espace. Avec la période des chaleurs de l'été, le pire est encore à craindre si par malheur un incendie se déclenchait dans cet amas de ronces et d'herbes abandontes qui encerclent les blocs de toutes parts, comme le font remarquer certains.