Les travaux du dernier tronçon de l'autoroute Est-Ouest, en panne depuis janvier 2011, ont été relancés officiellement le 16 octobre 2017 par Abdelghani Zaâlane, ministre des Transports et des Travaux publics avec l'entreprise chinoise Citic, celle qui a réalisé le tronçon dans l'ouest du pays. Ils avaient été abandonnés en janvier 2011 par le consortium japonais Cojaal, au motif d'aller renforcer ses chantiers de Constantine aux prises avec les tunnels de Djebel Ouach. Depuis, leur reprise a été annoncée à différentes reprises. Ils auraient démarré réellement en janvier 2018 avec la remise de l'ordre de service. Un marché de 84 milliards de dinars avec un délai de réalisation de 16 mois. Ce qui, de l'avis du ministre, n'est pas cher du tout, si on fait une comparaison avec le coût des 900 km déjà réalisés et dont on se garde de révéler le montant réel avec les casseroles que traîne cette grande réalisation éclaboussée par des scandales financiers et des affaires en justices. 11 milliards de dollars ? 13 ? 17 ? 19 milliards de dollars ? Rien n'a filtré. Lorsqu'on roule sur la 2×2 voies de la RN 44 qui longe le tracé de l'autoroute, on peut voir les nuages de poussière que soulèvent les chantiers de Citic en activité. Il y en aurait 48 le long des 84 km restants. Un chaque 1,5 km, se vantent les responsables du «projet du siècle». En fait, les nuages de poussière sont apparus dans le paysage avec la seconde visite du ministre le 10 juin dernier. Une visite dont le programme a été modifié. Au lieu de poursuivre l'inspection sur les 84 km, la délégation est sortie du tracé au bout de 35 km pour rejoindre la base vie de Citic et y tenir une réunion à huis clos. M. Zaâlane, manifestement peu satisfait de l'avancement des travaux en six mois, a eu des mots durs et un ton ferme vis-à-vis de tous les concernés, algériens et chinois. Des mois de retard En effet, les assurances données au ministre par les responsables algériens de l'Agence nationale des autoroutes, des responsables de l'entreprise chinoise Citic et du bureau d'études italien ANAS-Ste-INCO-ITALConsult, ont vite été démenties lorsque le cortège s'est engagé dans les premiers kilomètres du tracé. De l'avis général, il est peu probable que la première partie de ce tronçon de 35 km entre Dréan (échangeur 4) et El Faïdh (échangeur 3) soit achevée avant la fin de l'année comme déclaré au ministre. Les responsables semblent pourtant convaincus du contraire bien qu'il ne reste que 4 mois pour rattraper l'énorme retard. Il n'y a plus en effet de contraintes majeures, elles ont toutes été levées, les gîtes de prélèvement, les autorisations pour le recrutement des personnels, etc. Alors ? Après 9 mois de retard, un nouveau programme a été établi, car «le projet doit impérativement être livré en 2019, c'est un engagement du président de la République», a rappelé le ministre. Ainsi, avant la fin de cette année, doivent être livrés 9 échangeurs, dont les 4 d'El Tarf et les 5 autres de Skikda, Guelma et Constantine, ainsi que les premiers 35 km de voies entre Dréan et Kebouda (échangeur 3). Au premier semestre 2019 sera livrée la partie d'entre l'échangeur 3 et l'échangeur 2 (chef-lieu d'El Tarf) et au second semestre 2019, la dernière partie des 24 km entre l'échangeur 2 et la frontière. Vus de la RN44, les travaux semblent effectivement avoir repris à une allure peu coutumière dans les 48 chantiers, où sont employés pour l'instant 1030 employés, 345 Chinois et 685 Algériens. Aussi invraisemblable que cela puisse paraître, dans une wilaya qui, dit-on, est durement frappée par le chômage, Citic, l'entreprise chinoise, se plaint de ne pas trouver de la main-d'œuvre. Elle avait exprimé un besoin de 3000 postes et les chantiers de l'autoroute comptaient parmi ceux qui devaient, avec les innombrables concessions accordées aux investisseurs, faire baisser le taux de chômage. Les chômeurs déchantent Renseignement pris, nous avons appris que les chercheurs d'emploi dirigés par les agences ne sont pas satisfaits des salaires proposés. Citic offre 25 000 DA/ mois aux ouvriers, alors que les Japonais de Cojaal en offraient 38 000 il y a 10 ans. C'est probablement l'une des raisons qui font que «ce projet coûte moins cher», ou alors parce que Cojaal a coulé. L'autoroute Est-Ouest aboutit en pleine campagne à la frontière et s'arrête net devant l'oued El Kébir. Elle attendra là la jonction avec l'autoroute tunisienne, dont le tronçon Oued Zarga-Bou Salem, à 70 km de la frontière, a été inauguré le 25 novembre 2016 par le chef du gouvernement tunisien, Youssef Chahed. L'autoroute tunisienne progresse doucement, mais sûrement et les mauvaises langues qui hantent nos cafés, pas du tout convaincues par l'agitation des pouvoirs publics, sont persuadées que les Tunisiens arriveront les premiers à la frontière. En attendant cette jonction et la construction d'un nouveau poste frontalier, cette extrémité de l'autoroute Est-Ouest sera reliée au poste frontalier d'El Ayoun par une nouvelle route double voie de 17 km, avec un tracé qui balafre, comme l'autoroute, le Parc national d'El Kala.