Le procès controversé de 56 personnes, dont deux généraux en retraite, accusées de complot contre le gouvernement de l'AKP de Turquie dans l'affaire Ergenekon, a commencé hier à la prison de Silivri, près d'Istanbul. Peu après l'ouverture du procès, des procureurs ont ajouté une liste de plusieurs dizaines de nouveaux suspects dans cette affaire. La comparution de ces suspects a relancé le procès controversé de ce réseau putschiste présumé, dans un pays où l'armée a chassé quatre gouvernements du pouvoir depuis 1960. Le même tribunal juge déjà, depuis octobre 2008, 86 accusés dans cette affaire. Parmi les 56 nouveaux prévenus, dont 21 sont détenus, figurent plusieurs ex-généraux, dont l'ancien chef de la gendarmerie Sener Eruygur, l'ex-général d'armée Hürsit Tolon et l'ex-général de brigade Levent Ersöz, désignés par l'acte d'accusation comme les dirigeants de la conspiration. L'AKP reprend la main Parmi les prévenus figurent aussi le journaliste Mustafa Balbay, des hommes d'affaires, des politiciens et même l'épouse d'un juge de la Cour constitutionnelle. Sener Eruygur, qui avait été libéré pour raisons de santé, n'était pas présent à l'ouverture du procès, de même que l'ex-général Ersöz, malade et en détention. L'ex-général Tolon était présent, de même que MM. Balbay et Özkan. Ce nouveau procès est très attendu pour éclaircir cette affaire de complot présumé. Le réseau Ergenekon, d'inspiration nationaliste, aurait projeté de commettre des assassinats afin d'amener l'armée à renverser le gouvernement, soupçonné d'avoir le projet inavoué « d'islamiser » la société turque. Cette affaire, qui a fait surface en 2007 avec la découverte de caches d'armes, a créé des tensions entre le gouvernement et l'armée, qui se considère comme garante du régime laïque et qui se voit mise en cause d'une manière inédite. Parmi les 56 prévenus, 9 sont accusés d'être « les dirigeants d'une organisation terroriste armée » et risquent la prison à vie. En marge du procès, des procureurs chargés du dossier ont annoncé à la presse qu'ils avaient formulé des demandes d'inculpation concernant un nouveau groupe de 52 personnes, qui seront jugées si le tribunal d'Istanbul déclare le dossier recevable dans un délai de 15 jours. Les membres de ce nouveau groupe, dont les identités n'ont pas été divulguées, sont accusés de « tentative de putsch, appartenance à un groupe armé et possession d'armes ». Selon les procureurs, de nombreuses armes ont été découvertes dans ce nouveau dossier. L'enquête Ergenekon s'est orientée ces derniers mois vers des militaires d'active, dont plusieurs ont été arrêtés. Pour cette première journée du second procès, la cour a relevé hier les identités des prévenus et devait lire l'acte d'accusation, un document de près de 2000 pages.