Une situation qui tend à donner aux prix du brut de belles hausses. Le marché pétrolier est loin de se stabiliser. Aux facteurs purement économiques liés à la hausse de la production américaine, d'une part, et la décision d'augmenter celle des pays de l'OPEP, s'ajoutent les tensions géopolitiques et les menaces du président Trump contre l'Iran, d'autre part. Une situation qui tend à donner aux prix du brut de belles hausses. Hier, le prix du brent de la mer du Nord affichait une remontée de 76 cents par rapport à la clôture de vendredi, en atteignant 77,87 dollars sur l'interContinental Exchange de Londres. Alors que le light sweet crude marquait une petite baisse de 6 cents. Les analystes s'accordent à dire que la sortie américaine de l'accord sur le nucléaire iranien et les menaces des Etats-Unis sur les pays s'approvisionnant en or noir de l'Iran, devant prendre effet en novembre prochain, auront un effet déstabilisant sur le marché et peuvent même hisser les prix à des niveaux importants. Certains pays ont déjà obtempéré à l'injonction américaine et commencent à se détourner de l'offre pétrolière du troisième plus grand producteur de l'OPEP qu'est l'Iran. A commencer par le Japon qui prévoit de se passer du pétrole iranien dès septembre si les Etats-Unis ne proposent pas d'exemptions. La Corée du Sud ne compte pas non plus fâcher Washington et suivra le mot d'ordre de boycott du pétrole iranien. Cette situation fera disparaître entre «1 et 1,5 million de barils par jour du marché», indiquent des analystes de Société Générale que la production intensive saoudienne ou russe aura du mal à compenser. «Si l'Arabie Saoudite et la Russie tentent de compenser cette perte, elles tourneront à plein régime et seraient vulnérables en cas d'autres perturbations de l'offre mondiale», estiment-ils. L'augmentation de la production américaine pourra-t-elle combler cette perte ? «Le nombre de puits actifs aux Etats-Unis a encore augmenté, ce qui pourrait présager de nouvelles hausses de la production américaine qui s'est stabilisée depuis plusieurs semaines à un niveau record.» Baker Hughes annonce d'ailleurs que le nombre de puits de pétrole actifs aux Etats-Unis a augmenté de 5, pour atteindre 863 unités la semaine écoulée. Mais les cours continuent de se maintenir à des niveaux élevés malgré toutes les manœuvres en vue de les faire baisser. Les «réprimandes» de Trump à l'égard des pays de l'OPEP, dont la décision d'augmentation de la production n'a pas fait fléchir les cours, sont la preuve que les prix ne sont pas encore prêts à baisser. Le conflit avec l'Iran est le moteur de cette hausse continue qui risque de se poursuivre durant les mois à venir. Ce sont pas moins de 2,7 millions de barils par jour qu'il faudra remplacer sur le marché et la production mondiale n'a pas encore atteint la capacité de combler ce manque. Seule une improbable marche arrière de Trump sur le dossier iranien pourrait influer une tendance baissière. Pour l'heure, le marché reste attentif aux effets de la baisse des exportations iraniennes. Selon Merrill Lynch de Bank Of America, cité par Bloomberg, «une fermeture totale des ventes iraniennes pourrait faire grimper les prix du pétrole au-dessus de 120 dollars le baril si l'Arabie Saoudite ne pourra pas suivre». Une aubaine pour les autres pays exportateurs de pétrole qui tenteront de gagner les anciens acheteurs du pétrole persan et combleront, avec la hausse des prix, les pertes budgétaires occasionnées par la chute brutale amorcée en 2014.