Les cours du pétrole ont progressé lundi alors que la perspective de sanctions américaines pousse des importateurs à délaisser les exportations iraniennes. Le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en septembre a fini à 78,07 dollars sur l'Intercontinental Exchange (ICE) de Londres, en hausse de 96 cents par rapport à la clôture de vendredi. Sur le New York Mercantile Exchange (Nymex), le baril de "light sweet crude" (WTI) pour le contrat d'août a pris 5 cents à 73,85 dollars. "Le marché est très volatil alors que les acteurs cherchent à évaluer la perturbation que représenteront les sanctions américaines contre l'Iran", qui prendront effet en novembre en raison de la sortie des Etats-Unis de l'accord sur le nucléaire iranien, a commenté David Madden, analyste chez CMC Markets. Alors que Washington a annoncé au début du mois compter sanctionner les pays qui importeraient du pétrole iranien, certaines nations s'éloignent d'ores et déjà de l'or noir en provenance du troisième plus grand producteur de l'Opep (Organisation des pays exportateurs de pétrole). Le Japon prévoit de se passer du pétrole iranien dès septembre si les Etats-Unis ne proposent pas d'exemptions, rapporte l'agence Bloomberg citant des sources proches du dossier. La Corée du Sud a pris des mesures similaires pour éviter la colère de Washington. "Nous prévoyons que les sanctions contre l'Iran vont faire disparaître entre 1 et 1,5 million de barils par jour du marché", ont estimé les analystes de Société générale, qui jugent que si l'Arabie saoudite et la Russie tentent de compenser cette perte, ils tourneront à plein régime et seraient vulnérables en cas d'autres perturbations de l'offre mondiale. Par ailleurs, bien qu'elle ait affiché seize semaines hebdomadaires de records de suite, la production américaine a récemment montré des signes de stagnation, le nombre de barils par jour étant resté bloqué depuis trois semaines à 10,90 millions d'après les statistiques de l'Agence américaine d'information sur l'énergie (EIA). "Cette semaine verra l'EIA, l'Opep, et l'AIE (Agence internationale de l'énergie) dévoiler leurs mises à jour concernant l'état du marché du pétrole. Elles montreront à quel point le marché s'est resserré avant la décision du cartel Opep/non Opep d'augmenter sa production", ont affirmé les analystes de Commerzbank. Les membres de l'Opep et leurs partenaires, tenus par un accord de réduction de la production de brut depuis début 2017 pour faire monter les prix, ont décidé récemment de rendre moins contraignants leurs quotas de production. "Les perturbations de la production en Libye et au Canada vont réduire à néant la plupart des annonces de hausse de la production par ces pays, ce qui signifie que le marché va demeurer étroit", ont ajouté les analystes de Commerzbank.
Hausse en Asie Les cours du pétrole grimpaient lundi en Asie dans un contexte d'inquiétudes sur la volonté de Donald Trump d'arrêter les exportations iraniennes et les perturbations de l'offre dans des pays comme la Libye, le Venezuela ou le Canada. Vers 05H30 GMT, le baril de "light sweet crude" (WTI), la référence américaine du brut, pour livraison en août, prenait 25 cents, à 74,05 dollars, dans les échanges électroniques en Asie. Le baril de Brent de la mer du Nord, principale référence sur le marché mondial, pour septembre, gagnait 25 cents à 77,36 dollars. Le président américain s'est désengagé de l'accord sur le nucléaire iranien et a demandé à tous les pays d'arrêter complètement leurs importations de pétrole d'Iran d'ici le 4 novembre. "Les investisseurs sont totalement perplexes face aux exigences du président Trump d'écarter 2,4 millions de barils de brut iranien tout en faisant la leçon à l'Opep pour qu'ils stabilisent les prix", a relevé Stephen Innes, analyste chez Oanda. "Mais c'est la politique de la tolérance zéro de la Maison Blanche envers l'Iran qui soutient les marchés pétroliers, au vu la fragilité de l'offre globale. Le niveau des réserves avoisine le zéro. Dans ce scénario, la seule direction c'est vers le haut", a ajouté M. Innes. Les cours sont également soutenus par les problèmes en Libye, au Venezuela et les perturbations des extractions de sable bitumineux au Canada. Les marchés sont sous tension du fait de la guerre commerciale déclarée entre les Etats-Unis et la Chine, redoutant ses conséquences sur l'économie mondiale.