Ce n'est pas la foule des grands jours. Des dizaines de résidents se sont rassemblés, hier, dans l'enceinte du CHU Mustapha Pacha (Alger), à l'appel du Collectif autonome des médecins résidents algériens (Camra). L'objectif du sit-in est de «dénoncer les comportements de l'administration, dont le refus de versement de salaires aux médecins malgré la reprise du travail le 26 juin dernier, et les pratiques abusives des chefs de certains services à l'égard de ces médecins», a indiqué le porte-parole du Camra et délégué d'Alger, Mohamed Tileb, cité par l'APS. La situation ne s'est pas arrangée dans certains établissements hospitaliers malgré le gel de la grève qui a duré huit mois. «Le problème des sanctions financières n'est pas réglé à ce jour. Les salaires des résidents sont gelés depuis 5 mois à Alger, 4 mois à Tizi Ouzou. La majorité des résidents, m'a-t-on informé, n'ont pas reçu leur salaire de juillet. C'est le cas des grévistes de l'hôpital Mustapha», regrette le délégué de la faculté de Tizi Ouzou, Sofiane Benseba, qui rappelle que ses camarades n'ont pas perçu leurs salaires des deux mois où ils ont assuré le service minimum, arrêté fin avril. «Des mesures seront prises» Des résidents grévistes n'ont pas été «réintégrés» par leurs chefs de service, comme c'est le cas à Sidi Bel Abbès ou à Bab El Oued (Alger). «A Tizi Ouzou, on n'a pas connu d'incident particulier vu qu'on a envoyé à l'avance un courrier aux chefs de service», signale le délégué local. Aux problèmes liés aux salaires et au refus de certains professeurs d'accueillir les grévistes s'ajoute «le devenir de l'année pédagogique». «Il y a un flou sur le devenir de l'année pédagogique. Les comités pédagogiques régionaux se sont réunis mais sans prendre de décision sur la validité de l'année. Des résidents suivent actuellement des cours dans certaines spécialités. Il y a une suggestion à faire éventuellement, c'est de décaler la rentrée jusqu'à janvier (2019)», propose Sofiane Benseba, qui rappelle que l'année pédagogique s'achève normalement en juillet (cours et examen). Les résidents qui se sont réunis hier à l'hôpital Mustapha ont voulu dénoncer par leur action «l'ignorance et le peu de considération que porte la tutelle» à leur égard, mais aussi réaffirmer leur volonté de «faire valoir leurs droits» à travers un dialogue franc, a précise le communiqué régional de leur collectif. Les résidents dénoncent le «mutisme» de leurs tutelles. Alors que le département du Pr Mokhtar Hasbellaoui n'a pas convoqué les délégués du bureau national du Camra, comme l'avait promis son premier responsable, celui de Tahar Hadjar a lancé la «session de rattrapage» de l'examen du diplôme d'études médicales spécialisées (DEMS) qui se poursuivra jusqu'au 19 juillet. Les revendications des résidents en sciences médicales portent sur l'abrogation du caractère obligatoire du service civil et son remplacement par un système de couverture sanitaire, le droit à la dispense du service militaire, le droit à une formation de qualité, la révision du statut général du résident, le droit aux œuvres sociales. Le ministre de la Santé, Mokhtar Hasbellaoui, s'est rendu vendredi à Tizi Ouzou pour assister à l'enterrement d'un administrateur de l'hôpital où il a exercé en tant que professeur. Aux résidents qui l'ont approché, le ministre s'est voulu rassurant, précise-t-on, en affirmant que des mesures seront prises. Mais sans plus de détails...