Khalil est inspiré des attentats meurtriers perpétrés par un groupe terroriste islamiste ayant ciblé, il y a trois ans, Paris et ce qu'elle représentait comme... joie de vivre. Les terrasses, les cafés, Le Carillon, Le Petit Cambodge, la salle de spectacle Le Bataclan, le Stade France... Le pitch de Khalil ? Vendredi 13 novembre 2015. L'air est encore doux pour un soir d'automne. Tandis que les Bleus électrisent le Stade de France, aux terrasses des brasseries parisiennes, on trinque aux retrouvailles et aux rencontres heureuses. Une ceinture d'explosifs autour de la taille, Khalil attend de passer à l'acte. Il fait partie du commando qui s'apprête à ensanglanter la capitale. Qui est Khalil ? Comment en est-il arrivé là ? Pour ce faire, Yasmina Khadra est entré dans la peau de ce kamikaze de Molenbeek (commune de Bruxelles, Belgique) qui va descendre à Paris. Oui, vraiment descendre, tuer, ôter la vie, en «random (aléatoire)», à des innocents au nom d'une «fatwa» sanguinaire. Sans blague... belge. Dans Khalil, Yasmina Khadra, n'humanise guère le personnage-titre (Khalil). Au contraire, on n'est pas Dans la peau de Malkovich. Il exorcise la bête immonde qui sommeille en Khalil, qui ne porte pas bien son prénom. Khalil qui signifie ami, confident intime comme le prophète Abraham. Donc, un ami qui ne vous veut pas du bien. Un «ennemi intime» vivant parmi nous, insidieux, latent, dormant, menaçant et fomentant la terreur et la désolation toujours contre des humains sans défense. Un Khalil «cornaqué», «autiste» à la clameur joviale et paisible de Paris. Yasmina Khadra, avec Khalil, signe un roman réaliste, pas du tout manichéen, alerte, interrogatif, incitatif quant au questionnement : «Mais comment un jeune de Molenbeek qui aimait la bière, les filles, les belles voitures, les DVD, puisse franchir le Rubicon, et tuer froidement des innocents ?» «Et pourquoi ?»