Une localité qui abrite la 15e édition du Festival interculturel Racont'Arts, une manifestation qui a créé une animation dans la cité. D'ailleurs, d'emblée, à l'entrée de cette bourgade, on remarque que celle-ci est le théâtre d'intenses activités qui animent cette «citadelle» surplombée par les majestueux monts du Djurdjura. Ainsi, sur la placette du village, on est accueilli par des organisateurs qui veillent au grain et essayent d'orienter les visiteurs vers les endroits où on peut assister aux festivités de cette édition. C'est la fête au village, avec un programme aussi riche que varié, en mesure de sortir le village de sa torpeur quotidienne. Dimanche, début de semaine, la journée était pratiquement réservée aux activités de l'association et du comité de village, qui ont mis sur pied un programme entièrement dédié aux traditions ancestrales de la région. Dans une ambiance très conviviale empreinte d'images splendides, les femmes de cette bourgade ont organisé la simulation d'un mariage traditionnel kabyle. En effet, véritablement, l'activité a donné un cachet particulier au festival compte tenu, notamment, de l'engouement des visiteurs qui ont suivi le cortège nuptial traditionnel à travers les artères du village. L'ambiance était au rendez-vous avec ces femmes vêtues, pour la plupart, de robes kabyles. «Sauvegarde de certaines valeurs ancestrales» «C'est vraiment fantastique ce qui se passe dans ce village. Ces activités ont une dimension culturelle immense, car elles participent à la sauvegarde de certaines valeurs ancestrales qui risquent inexorablement de disparaître», nous a confié Karima, une PES, accompagnée de sa sœur pour prendre part à ce festival. «C'est la première fois que je visite Tiferdoud lors de cette rencontre, mais je trouve qu'il y a des activités importantes qui sont organisées durant ce festival», a-t-elle ajouté. Même sentiment chez Lyès, un jeune émigré venu de Paris, qui estime que l'organisation de ce genre d'événement permet de redonner, nous a-t-il dit, vie aux villages de Haute-Kabylie désertés par les habitants durant les autres saisons de l'année. «C'est un plaisir de visiter Tiferdoud, surtout avec cette ambiance de fête qui s'empare de cette localité splendide. Je suis venu déjà visiter ce village lorsqu'il a décroché, en novembre dernier, le prix du concours du village le plus propre. Il était beau, mais maintenant il est plus beau avec ce métissage culturel qui orne les artères de cette bourgade», nous a-t-il confié. Effectivement, Tiferdoud est, depuis jeudi, la destination de centaines de personnes venues de différents horizons pour passer des instants de joie et de plaisir dans cette contrée de la Haute-Kabylie, histoire de rompre surtout avec un quotidien plein d'aléas. Recueillement sur la tombe de Kamel Amzal, militant de la cause amazighe «Au lieu d'aller à la plage, j'ai préféré venir ici, pour voir cette manifestation interculturelle», nous a confié un père de famille qui a apprécié, a-t-il dit, le caractère traditionnel de certaines activités du festival. En sillonnant les artères étroites de Tiferdoud, on remarque des portraits d'artistes accrochés un peu partout pour, sans doute, accompagner le visiteur dans un voyage vers l'art et la culture. D'ailleurs, sur la placette du village, les visiteurs, après s'être acquittés des droits d'accès, 100 DA par personne – un prix jugé un peu excessif par certains visiteurs et juste symbolique par les villageois – sont dotés de la carte du village où l'on trouve les principaux endroits à visiter, comme Tajmaât, Tala n'Tadart (la fontaine du village), la cascade, la tombe du militant de la cause identitaire, Kamel Amzal, assassiné en 1982, la maison où a vécu le révolutionnaire Hocine Aït Ahmed, le monument, le musée et le foyer de jeunes. «Notre village connaît une organisation traditionnelle inspirée des coutumes ancestrales. Cette organisation est liée à l'entraide des villages et à leur solidarité pour réaliser des projets d'intérêt général», nous a expliqué un villageois. Akli D. est dans la place Le festival a créé aussi une certaine dynamique commerciale dans la localité, ce qui a permis aux jeunes du village d'ouvrir de petits commerces (buvettes, fast-foods et autres locaux de vente de produits artisanaux) pour répondre aux besoins des centaines de visiteurs qui affluent quotidiennement vers Tiferdoud. Des ateliers de musique avec des artistes comme Akli D. ont été également mis en place au profit de jeunes. Une formation sur le thème «Journalisme citoyen au service de la culture et du tourisme» est aussi assurée par Hakim Hamzaoui, docteur en sciences de l'information et de la communication et professeur à L'Ecole supérieure de journalisme d'Alger. Donc, le programme est diversifié de manière à permettre à tous les participants d'intervenir dans de multiples domaines. Une artiste venue de Paris a émerveillé l'assistance quand elle commençait à chanter en kabyle avec le bendir. Un chanteur du Gabon s'est produit pour étaler les spécificités artistiques de son pays. Tous les participants étaient simultanément en action. Ainsi, au moment où des femmes récitaient des chants traditionnels liturgiques envoûtants, de jeunes artistes donnaient le ton à un spectacle de rock en plein air. Le festival est rythmé aussi par des conférences sur des thématiques ayant trait à l'art. Le programme de cette manifestation s'étale jusque tard dans la nuit. Tiferdoud, un village à visiter et à revisiter.