En 2021, soit dans trois années exactement, le monde du sport aura les yeux rivés sur Oran. La capitale de l'Ouest algérien aura la charge d'abriter la 19e édition des Jeux méditerranéens après celle organisée, cet été à Tarragone, en Espagne. C'est une occasion en or pour booster le tourisme international à Oran, ville côtière du pays qui regorge d'atouts et de vestiges à explorer. Le 3 juillet dernier, l'emblème officiel des Jeux méditerranéens a atterri à l'aéroport d'Oran où une forte délégation — notamment le ministre de la Jeunesse et des Sports et le wali d'Oran — s'est empressée de le recevoir. Au centre-ville, sur le Front de mer, a été aménagé le siège du Comité d'organisation des jeux, avec, sur son fronton, un écran géant affichant sans discontinuer le compte à rebours nous séparant du rendez-vous sportif. Cela dit, il faut savoir que l'annonce de la désignation d'Oran en qualité de ville organisatrice des Jeux méditerranéens de 2021 n'est pas nouvelle ; elle a été faite en 2015, suite à une compétition très serrée, où la ville tunisienne de Sfax lui a disputé la vedette. Au final, c'est bel et bien Oran qui a raflé la mise et a été désignée par le Comité olympique pour l'organisation des JM21. Depuis ce jour, les autorités locales travaillent d'arrache-pied pour élever Oran au rang de ville méditerranéenne digne de ce nom, lançant des chantiers à tout-va pour doter la ville d'infrastructures sportives à même d'organiser comme il se doit cette manifestation grandiose. Un budget a été spécialement alloué à cette occasion et l'on s'attelle à tout mettre en place pour qu'au jour J, la ville soit fin prête. Le wali d'Oran a déclaré récemment que toutes les conditions étaient réunies pour que «la prochaine édition des Jeux méditerranéens soit une réussite». Le centre se déplace Même son de cloche chez le ministre de la Jeunesse et des Sports, qui a déclaré qu'Oran avait «tous les atouts pour faire de ce rendez-vous sportif une totale réussite». En fait, c'est surtout au niveau de la commune de Bir El Djir (Oran-Est) que les travaux s'effectuent : un gigantesque stade olympique, d'une capacité d'accueil de 40 000 places, est en cours de réalisation. Le chantier tire quasiment à sa fin, avec un taux d'avancement atteignant les 90%. Il devrait être livré avant la fin de l'année. Il est aussi question d'un village méditerranéen pour accueillir les milliers de sportifs de diverses nationalités. Par ailleurs, il est prévu également de procéder à la réhabilitation, ou tout au moins à la mise à niveau des infrastructures sportives existantes, à l'image, par exemple, de la piscine olympique de M'dina J'dida ou du club de tennis de St-Hubert. Le wali d'Oran a lancé le pari que toutes ces infrastructures seront prêtes avant la date butoir, de manière à ce qu'il n'y ait pas d'embûches ni de travaux bâclés. Il est à noter que la ville d'Oran se transforme de jour en jour, au gré des chantiers lancés un peu partout. La ville compte plusieurs hôtels de standard international comme le Sheraton, le Four Points, le Méridien, l'hôtel Royal et la chaîne Ibis. D'autres hôtels du même standing devraient être livrés avant 2021. Oran est aussi une ville dont le centre se déplace, petit à petit, pour s'installer à l'est, où des milliers de promotions immobilières ont été réceptionnées ou sont en cours de réalisation. Cela dit, selon nombre de spécialistes, en vue de ces Jeux méditerranéens de 2021, ce serait une erreur de tout miser sur les infrastructures sportives auxquellesun budget spécial a été alloué et négliger le reste. Réhabilitation Certes, il est judicieux de doter la ville d'Oran de nouveaux stades flambant neuf, ou de renforcer la capacité d'accueil en construisant ici et là de nouvelles infrastructures hôtelières, mais là n'est pas tout : beaucoup préconisent de faire de ce rendez-vous sportif une occasion pour booster, une bonne fois pour toutes, le tourisme à Oran, depuis longtemps à la traîne. Pour cela, en plus de construire de nouveaux hôtels, des spécialistes misent aussi sur la réhabilitation de la ville, son patrimoine, sa culture. A titre d'exemple, dans le Vieil-Oran, Sidi El Houari se trouve encore, jusqu'à ce jour, dans un état de délabrement avancé ; pourtant, ce quartier emblématique pourrait devenir le poumon économique de la ville, pour peu que sa Casbah, sa place Kleber et son boulevard Stalingrad soient restaurés dans les règles de l'art. Il faut aussi savoir qu'Oran se targue d'être la ville la plus fortifiée de la Méditerranée, bien plus fortifiée, d'ailleurs, que le détroit de Gibraltar. Ces fortifications, datant de l'époque espagnole, sont au nombre d'une trentaine ; elles sont toutes connectées via un réseau de communication. Pourtant, gageons-le, peu de personnes, y compris à Oran, sont au courant de cela. En outre, la ville compte 260 grottes préhistoriques et plusieurs sites de ruines, notamment d'anciens villages berbères (à Misserghine), ou encore des ruines romaines à Portus Manus (Bethioua). Mais encore, Oran compte plusieurs bunkers, construits dans les années 1940 pour mettre à l'abri la population locale des bombardements aériens. Enfin, Oran a aussi son palais du bey, dont les travaux de restauration ont été confiés à une entreprise turque, la même qui a réhabilité la mosquée du Pacha. En outre, il y a la fameuse promenade Ibn Badis (ex-promenade de Létang) qui, pour beaucoup, est considérée comme le «bijou» d'Oran, avec ses dizaines d'espèces d'arbres et ses belles allées dont la vue donne sur le port d'Oran. Cette promenade, pour l'heure, est complètement abandonnée et attend désespérément d'être prise en charge par des paysagistes qualifiés,. Bien sûr, qui dit Oran dit forcément fort de Santa-Cruz, perché sur une colline dominant la ville. Or, force est de constater que, jusqu'à aujourd'hui, aucune mesure n'a été prise pour le mettre en valeur, par exemple en le reliant au centre-ville via des bus, en y organisant des activités culturelles régulièrement, notamment en nocturne, pour que le plus grand nombre puisse en profiter et s'émerveiller de la vue à couper le souffle sur la ville d'Oran. En résumé, on peut dire que tous ces sites patrimoniaux, pour peu qu'ils soient mis en valeur, peuvent non seulement générer des rentrées d'argent conséquentes pour les collectivités, mais aussi attirer des essaims de touristes venant du monde entier. C'est pourquoi il serait salutaire, pour les autorités locales, qu'elles s'attellent à les réhabiliter afin qu'ils soient opérationnels dès 2021.