Kader Japonais, invité au Festival culturel international de Timgad, dont la 40e édition s'est ouverte jeudi, s'est déclaré hier, lors d'une conférence de presse donnée à l'hôtel Chelia, «solidaire des protestataires de Ouargla» qui ont boycotté son concert. Le chanteur Kader Japonais a déclaré «Si le boycott de mon concert rapporte quelque chose aux jeunes de Ouargla dont je n'ignore pas les conditions de vie, alors tant mieux et je les soutiens». Par ailleurs, il s'est attardé sur son dernier album, El houlm (le rêve), qui a bénéficié de 2 millions de vues sur YouTube et 40 000 ventes pour les deux dernières semaines. Les clips réalisés sont, selon lui, un support pour la promotion du tourisme en Algérie. Sinon, il reste serein quant à son public et considère que l'incident de Ouargla ne peut aucunement gêner sa marche vers de l'avant. Son manager dira par ailleurs : «Ce soir sur scène nous donnerons la réponse à ceux qui, sur les réseaux sociaux, cherchent à exploiter les incidents de Ouargla pour ternir notre image.» A Ouargla, pour rappel, les habitants, excédés par les mauvaises conditions de vie et le chômage ont organisé la prière du soir aux abords du théâtre de verdure de la ville pour empêcher le concert d'avoir lieu afin d'exprimer leur colère. «Nous ne sommes pas contre Kader Japonais, nous voulons que les autorités se penchent sur nos problèmes d'abord. Lorsque notre ville sera propre et nos jeunes recrutés, nous ferons appel à ce genre de concert», ont déclaré plusieurs internautes sur les réseaux sociaux. L'ouverture du festival qui s'est faite donc jeudi a été, selon plusieurs avis, réussie. Les doutes qui ont entouré l'organisation de cette édition ont été dissipés dès le lever de rideau. Youcef Boukhentech, commissaire national du festival, dira de prime abord dans son discours inaugural que la présence du public est déjà un signe de réussite. Quant au caractère international dont le festival a été amputé, il citera Fella Ababsa, connue dans le monde arabe, ainsi que d'autres artistes, qui ont amplement comblé cette lacune. D'ailleurs, l'apport premier de cette édition est sans conteste le retour de cette grande chanteuse qui, soit dit en passant, a enflammé la scène en faisant trémousser et chanter le public. Et comme pour conjurer le sort, il ne manquera pas d'inviter ceux qui étaient bannis de la scène par l'ancien commissariat, tels que Joe Sabri, Nouari Nezzar et Youcef Boukhentech en premier lieu. Cette première soirée, qui a donné le la à cinq jours de joie et de liesse a été surtout marquée par la fresque d'ouverture exécutée par un groupe de jeunes danseurs dirigés par un chorégraphe, Aïssa Kechout, connu dans les milieux du théâtre. La musique, composée par Issam Belaïdi, et le scénario, réalisé par Saïd Berkane, ont subjugué les présents. Dans un décor et des costumes qui évoquent la période romaine, les danseurs ont transmis sur scène les deux mille ans d'histoire de l'Algérie. L'incontournable gasba chaouie a remué l'âme des présents, qui n'ont pas manqué d'exprimer la fierté que le chaoui tient très souvent à afficher.