Aucun parti politique, qu'il soit de l'opposition ou de l'allégeance, n'a adopté l'initiative lancée il y a 15 jours par le MSP pour un consensus national, en vue d'une transition démocratique et économique. Au fil des rencontres, le patron du MSP essuie des échecs et des rejets de la part même des partis de la mouvance islamiste. Hier, Abderrezak Makri a rencontré le leader du RND, Ahmed Ouyahia, pendant trois heures. Le président du MSP a exposé, dans le détail, le contenu de son initiative. Makri a défendu face à Ouyahia l'idée d'aller vers un consensus national qui s'inscrit dans un cadre constitutionnel, et ce, à l'occasion de l'élection présidentielle de 2019. Le président du MSP fait marche arrière et nie avoir soutenu et défendu le principe d'une transition démocratique. «Nous avons appelé à un consensus national autour d'un projet national et économique et nous avons défendu l'idée d'aller vers une transition mais en termes politiques et cette démarche n'est rejetée par personne à l'exception de ceux qui n'ont rien compris à ces concepts», affirme Makri, précisant qu'avec le RND il partage certains points d'ordre économique, mais il y a divergence sur le volet politique. A ce sujet, Ahmed Ouyahia livre son avis. Il a d'abord rappelé lors d'un point de presse que le MSP a été pendant 15 ans leur allié au sein du gouvernement et qu'effectivement le RND partage le diagnostic établi par ce parti islamiste autour des difficultés et non de la crise économique que connaît le pays. Seulement, sur le plan politique, il n'y a point de convergence. «Le MSP parle de crise politique. Chose que nous récusons au RND. Toutefois, sur le plan économique, nous admettons l'existence de difficultés économiques et nous avons proposé dans ce sens l'ouverture d'un débat national politique autour de la construction d'une économie de marché, qui apporte de l'efficacité, et ce, avec toutes les parties et partis, et si un parti comme le MSP propose un projet similaire, nous sommes partants», tranche Ouyahia, qui a rejeté dans le fond et la forme la proposition de Makri relative à un consensus autour d'un président. Pour Ouyahia, parler d'un consensus autour d'un président à la veille d'une élection présidentielle est une remise en cause de la souveraineté nationale. «En somme, Il ne peut pas y avoir de consensus autour d'un candidat commun pour les prochaines joutes dès lors que nous avons appelé le président Bouteflika à briguer un autre mandat», a rappelé Ouyahia à la délégation du MSP. Celle-ci a signifié au secrétaire général du RND qu'elle ne partage pas son avis quant au fait qu'il appelle Bouteflika à briguer un autre mandat en raison de sa maladie. «Aujourd'hui parce qu'une partie de l'opposition pense que si Boutelfika se présente, il a de très fortes chances de passer, elle approche par un autre angle qui est de dire que sa situation physique ou la crise économique voudraient qu'il parte. Elle bâtit le consensus sur quelqu'un d'autre, nous respectons tous les points de vue, mais nous ne le partageons pas», lance Ouyahia. L'autre point de divergence est l'implication de l'armée. Le MSP demande à l'institution militaire de garantir la réussite de cette transition. Intransigeant, Ouyahia réplique que l'armée est la deuxième institution constitutionnelle après le président de la République qui incarne l'unité nationale. «On n'implique pas l'institution militaire dans les conflits partisans ou politiques et surtout dans ce genre de débats», note-t-il, précisant que la suggestion du MSP liée à une transition démocratique n'est pas du tout logique puisque le pays recourt à l'urne tous les cinq ans pour désigner un président. Ouyahia est convaincu que la mère des réformes demeure le changement des mentalités.