Une autre école primaire a fermé ses portes dernièrement dans la commune de Souk Oufella, à une soixantaine de kilomètres au sud-ouest de Béjaïa. Implantée au village de Zountar, cet établissement n'a pas pu rassembler assez d'élèves pour fonctionner. De ce fait, ses enfants sont désormais scolarisés au chef lieu de la commune, deux kilomètres plus loin du village. Une décision qui n'a pas fait l'unanimité chez les parents d'élèves. L'APC de Souk Oufella a, pour ce faire, assuré le transport quotidien des écoliers. Nous avons appris, par ailleurs, auprès des citoyens que la fermeture des deux écoles à Aourir et Iayaden n'est plus qu'une question de temps. à la fin du premier trimestre de cette année scolaire, au moins quatre écoles primaires ont été fermées à travers la wilaya de Béjaïa. D'autres vont sûrement suivre. Le nombre des écoles fermées a atteint 42 l'année écoulée dans cette même région. Elles sont situées, pour la plupart, dans des zones rurales. La direction de l'Education (DE) refuse de parler de fermeture. « Ces écoles sont seulement gelées et elles rouvriront dés que le nombre d'élèves le permettra » nous dit-t-on sur place. D'après la législation, pour qu'une école soit en activité, elle doit contenir 14 élèves au minimum dans la même classe et au même niveau. Pourtant, apprend-t-on à la DE, il y a des exceptions. A l'instar de l'école de Takhribt, dans la commune de Beni Maouche, qui fonctionne à ce jour avec uniquement 11 élèves ; sans doute parce qu'il est pratiquement impossible de les déplacer ailleurs vu les longues distances. Les raisons pour lesquelles ces écoles manquent d'enfants sont diverses. Et on penche surtout vers l'exode rural. En effet, les habitants ont tendance à quitter les régions montagneuses afin de s'installer en ville. à Souk Oufella, par exemple, la population est évaluée à 8972 âmes en 2008 contre 9358 âmes en 1998. Soit une baisse de plus de 4 % en dix ans. Ce phénomène est constaté dans toutes les communes d'Ath Weghlis. D'un autre côté, le taux de natalité a, lui aussi, diminué. Le nombre des naissances à la fin des années 80, lorsqu'on comptait plus de quarante élèves par classe, n'est plus le même aujourd'hui. Une baisse que les services de prévention à Sidi Aïch expliquent par le taux de contraception qui a connu une augmentation sensible ces dernières années. Et qui peut se traduire aussi par la cherté de la vie. Mauvais calcul ? Une fois fermées, ces écoles primaires ne servent plus à rien. A part là ou des enseignants y habitent encore, les bâtisses sont généralement à l'abandon. C'est le cas de l'école de Laazib Ouamar, un village de 400 habitants dans la commune de Seddouk. Gelée en 1996 après une année de service, l'établissement se détériore peu à peu sans pour autant être utilisé à d'autres fins. De plus, « ce sont les parents d'élèves qui assurent le transport de leurs enfants en louant un bus privé » déclare le père d'un écolier. Effectivement, l'APC n'a rien fait pour ces enfants, scolarisés désormais à Takarietz, distante de 5 km du village. Certains pensent que les autorités concernées ont mal planifié l'implantation de ces écoles. Un mauvais calcul qui fait que des établissements de ce genre sont en nombre dans des localités et font défaut dans d'autres. Pour la DE, ça serait à cause d'un « exode interne » ; les parents changent d'école à leurs enfants à la moindre occasion. « Parfois parce qu'ils pensent trouver une meilleure prise en charge ailleurs, et parfois même juste dans le but de profiter de la cantine scolaire » nous explique une source à la DE. Malgré les limites administratives qui déterminent l'école dont on dépend, les citoyens trouvent toujours le moyen d'inscrire leurs progénitures là où ils croient bon de le faire. Cela étant, des observateurs estiment que les textes sur les écoles primaires doivent être revus. La réduction du nombre règlementaire d'élèves devrait sauvegarder les établissements restants dans les zones montagneuses. Une manière également de protéger les enfants.