Le chef de l'Etat sortant, Ibrahim Boubacar Keïta, et son principal opposant, Soumaïla Cissé, se retrouveront le 12 août pour le deuxième tour de la présidentielle malienne, rapporte l'APS. Soumaïla Cissé a recueilli, le 29 juillet, 17,8% des voix, contre 41,42% pour Ibrahim Boubacar Keïta, selon des résultats officiels proclamés jeudi soir. Le taux de participation est de 43,06%. L'élection a été affectée par une série d'attaques djihadistes présumées, qui ont perturbé le vote dans plus de 700 bureaux sur quelque 23 000, essentiellement dans des zones rurales du Centre, malgré la mobilisation de plus de 30 000 membres des forces de sécurité, nationales et étrangères. En 2013, Ibrahim Boubacar Keïta, candidat du Rassemblement pour le Mali (RPM), a été élu au second tour avec 77,6% des voix face à Soumaïla Cissé. La communauté internationale, présente militairement avec la force française Barkhane, qui a pris le relais de l'opération Serval déclenchée en 2013 contre les djihadistes, et avec les Casques bleus de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations unies pour la stabilisation au Mali (Minusma), attend du vainqueur une relance de l'accord de paix signé en 2015 par le camp gouvernemental et l'ex-rébellion à dominante touareg, dont l'application accuse des retards. Malgré cet accord, les violences djihadistes ont non seulement persisté, mais se sont propagées du nord vers le centre et le sud du Mali, puis au Burkina Faso et au Niger voisins. En 2017, l'Organisation des Nations unies (ONU) a recensé 63 attaques de groupes qualifiés de «terroristes» contre les forces armées malienne, française et onusienne, dont une majorité dans la région de Mopti, au centre du pays. Durant le premier trimestre 2018, la Minusma a comptabilisé 85 événements «majeurs violents» ayant provoqué la mort d'au moins 180 civils dans le centre du pays. A ces violences, s'ajoutent les affrontements intercommunautaires. Une attaque imputée à des chasseurs dogons dans le centre du pays, mercredi, a coûté la vie à 17 Peuls, selon des associations communautaires et les autorités locales. Dans cette région, les violences intercommunautaires se multiplient depuis trois ans entre Peuls, traditionnellement éleveurs, et les ethnies bambara et dogon, pratiquant majoritairement l'agriculture. Depuis le début de l'année, la Minusma a enregistré une centaine d'«incidents de violence intercommunautaire qui ont fait au moins 289 morts parmi les civils», a annoncé le 17 juillet le Haut-Commissariat aux droits de l'homme de l'ONU. Près de 77% de ces incidents «se sont produits dans la région de Mopti», au Centre, a-t-il observé. Les Peuls dénoncent régulièrement des exactions à leur encontre, au nom de la lutte contre les djihadistes, de la part de groupes de chasseurs armés, tolérés, voire encouragés, selon eux, par les autorités ou l'armée.