Plus de huit millions d'électeurs maliens sont appelés aux urnes dimanche pour choisir leur nouveau président parmi les 24 candidats en lice dont le président sortant, Ibrahim Boubacar Keïta (IBK) et le chef de l'opposition, Soumaïla Cissé, qui ont d'ores et déjà promis d'œuvrer pour mettre fin définitivement à l'insécurité dans des régions du nord et du centre du Mali. La campagne électorale pour le scrutin présidentiel s'achèvera vendredi dans un contexte de forte concurrence entre les différents candidats qui avaient multiplié durant trois semaines les initiatives et les actions de proximité afin de convaincre les Maliens d'adhérer à leurs projets de société et de se rendre massivement aux bureaux de vote le jour du scrutin. Les 24 candidats en lice pour le scrutin du 29 juillet avaient mobilisé tous les moyens d'information et de communication, notamment les médias et les réseaux sociaux, pour présenter aux populations leurs programmes électoraux, ont rapporté des titres de la presse malienne. Les premiers résultats de la présidentielle sont attendus dans les 48 heures, les résultats officiels provisoires le 3 août au plus tard. Et, le 12 août, un éventuel second tour. La campagne électorale a été marquée par une polémique sur les listes électorales. L'équipe de Soumaïla Cissé, largement battue au second tour par M. Keïta en 2013, évoque des divergences entre le fichier ayant servi à l'établissement des cartes d'électeurs et celui mis en ligne, qui comprend selon elle des doublons, des électeurs et des bureaux de vote fictifs. "Il n'y a pas deux fichiers, il y a un seul fichier", a assuré le ministre de l'Administration territoriale, Mohamed Ag Erlaf, expliquant les anomalies par un problème de serveur informatique. La communauté internationale, présente avec la Mission de l'ONU (Minusma) et la force Barkhane, attend de cette élection la pleine mise en œuvre de l'accord de paix et de réconciliation nationale au Mali signé à Alger en mai-juin 2015. En dépit des étapes importantes franchies depuis la signature de l'accord inter-malien, les violences "terroristes" ont persisté et se sont propagées du nord vers le centre et le sud du pays, sous état d'urgence quasiment sans interruption depuis novembre 2015, puis au Burkina Faso et au Niger voisins, se mêlant souvent à des conflits intercommunautaires. Le Mali a vu le nord de son territoire tomber en 2012 sous la coupe de groupes terroristes chassés par la suite par une intervention internationale en 2013.
Une campagne pleine de promesse Accusé par ses adversaires, dont des anciens ministres, d'avoir "échoué" à stabiliser le pays, le président Keïta, souvent désigné par ses initiales, IBK, assure "faire avancer le bateau Mali", dans des circonstances particulièrement difficiles. "Aujourd'hui, il n'y a plus de belligérance au Mali", a-t-il affirmé à des journalistes dans l'avion qui le ramenait d'une tournée électorale auprès des diasporas maliennes de trois pays d'Afrique centrale. "Il y a des poches de violence, des résidus de terrorisme, car ni Serval ni Barkhane n'ont pu bouter dehors l'ensemble des terroristes", a-t-il souligné. Elu président le 11 août 2013, 77,6% des voix au second tour, Ibrahim Boubacar Keïta a en outre assuré qu'il n'est pas intéressé par le "pouvoir pour le pouvoir", se disant engagé dans la course à la magistrature suprême pour obtenir un deuxième mandat qui va lui permettre de finaliser ce qu'il avait déjà commencé. "Ce qui est le plus important pour moi, c'est l'Accord pour la paix et la réconciliation nationale et sa mise en œuvre, le développement. Quand vous voyez la route à quatre voies, c'est ça le développement. C'est que je souhaite partout au Mali", a-t-il soutenu. De son côté, le chef de l'opposition, qui a choisi pour slogan "Ensemble restaurons l'espoir", insiste sur "l'urgence à sauver le Mali", tandis qu'un autre candidat, le richissime homme d'affaires Aliou Boubacar Diallo, a indiqué après une attaque à main armée cette semaine contre un convoi de son équipe de campagne au nord de Bamako, que l'insécurité constitue "la première préoccupation des Maliens". Parmi les principaux prétendants figure aussi l'ancien chef du gouvernement de transition, Cheick Modibo Diarra (avril-décembre 2012), un astrophysicien de métier, auquel s'est rallié un ancien Premier ministre. Sont également en lice, parmi les 24 candidats, dont une seule femme, le maire de Sikasso (sud), Kalifa Sanogo, l'ex-Premier ministre Modibo Sidibé, l'ancien ministre et militaire Moussa Sinko Coulibaly, ainsi que des hauts fonctionnaires internationaux. Face au risque que le scrutin ne puisse se tenir sur une partie du territoire, plus de 30.000 membres des forces de sécurité et de défense ont été mobilisés pour la protection des candidats en campagne et les opérations de vote, selon le ministère de la Sécurité intérieure. Dans les régions du nord du pays, où l'Etat est peu ou pas présent, les groupes politico-militaires signataires de l'accord de paix doivent également contribuer à la sécurisation du vote.
Des observateurs de plusieurs organisations internationales Pour lever toutes sortes d'équivoques, le Premier ministre malien a annoncé l'ouverture de l'observation de toutes les phases de l'élection, y compris à la centralisation, à la participation de toutes les organisations internationales, dont l'Union africaine, l'Union européenne, la Minusma (mission onusienne), la CEDEAO et l'Organisation internationale de la francophonie (OIF). "Leurs observateurs pourront assister en même temps que les représentants des candidats à la centralisation des résultats", a précisé M. Maïga. De son côté, le président de la Commission électorale nationale indépendante (CENI), Amadou BAH, a souligné que le fichier électoral est fiable pour servir de base à l'organisation des élections de 2018. Ce fichier comportait, a-t-il mentionné, 8 000 462 électeurs pour 23 041 bureaux de vote, tout en assurant que "le Mali a créé les conditions pour des élections apaisées et il est de la responsabilité de chaque acteur de faire en sorte que cet objectif soit atteint". La Commission électorale compte au sein de ses structures déployées à travers le pays 4.788 membres permanents en plus du personnel d'appui et des agents de sécurité, a-t-il fait savoir. S'agissant de la supervision de cette élection, l'Union africaine a annoncé avoir sollicité Thomas Yayi Boni, ancien président du Bénin ayant une longue expérience dans le domaine. La mission d'observation de l'UA sera associée aux 80 autres observateurs de l'Union européenne ayant à leur tête Mme Cécile Kyenge, alors que celle de l'OIF elle sera conduite par Dileita Mohamed Dileita.