Le président sortant a récolté 41,70% des suffrages au premier tour, contre 17,78% pour son principal adversaire, S. Cissé. Le vainqueur aura la lourde tâche de relancer l'accord de paix conclu en 2015 avec l'ex-rébellion à dominante touareg, dont l'application accumule les retards. Le second tour de la présidentielle au Mali s'est tenu hier. En concurrence : le chef de l'Etat sortant, Ibrahim Boubacar Keïta, et Soumaïla Cissé. Le vainqueur entrera en fonction début septembre. Quelque 36 000 militaires maliens sont mobilisés pour la circonstance, soit 6000 de plus que le premier tour, selon des médias. L'armée malienne est appuyée par les Casques bleus de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations unies pour la stabilisation au Mali (Minusma) et les forces françaises de l'opération Barkhane. Samedi, trois membres d'un «commando qui planifiait des attaques ciblées» à Bamako ont été arrêtés, ont indiqué les services de renseignement maliens. Selon le communiqué de la Sécurité d'Etat, qui qualifie le commando de «groupe terroriste», les trois hommes sont les auteurs de «l'attaque ciblée» contre le poste de péage de Sanankoroba, à 30 km de la capitale, dans la nuit du 24 au 25 octobre 2016. Le président sortant a récolté 41,70% des suffrages au premier tour, contre 17,78% pour son principal adversaire S. Cissé, un ancien ministre des Finances. Le taux de participation était de 42,70% le 29 juillet. Les deux adversaires ont milité dans le même parti dans les années 1990, puis ont fait partie des mêmes gouvernements. Ils se sont déjà affrontés en 2013. Ibrahim B. Keïta a remporté l'élection avec plus de 77% des voix. L'opposition, qui a contesté les résultats du premier tour du 29 juillet, a accusé, dans la nuit, le pouvoir d'organiser une vaste fraude pour le second tour. Lors d'une conférence de presse la veille, son chef de campagne, Tiébilé Dramé, a exhibé un carnet de 50 bulletins censé être sous scellés, mais «saisi» sur un «agent de Bamako» chargé de leur distribution. Lors du premier tour, 871 bureaux (plus de 3%) sont restés fermés en raison de violences, empêchant près de 250 000 Maliens de voter, surtout dans le Centre et le Nord. Crédités respectivement de 8,03% et 7,39% des suffrages exprimés lors du premier tour, les candidats arrivés 3e et 4e lors du premier tour, l'homme d'affaires Aliou Diallo et l'ancien Premier ministre de transition, Cheick Modibo Diarra, ont refusé jeudi de donner des consignes de vote pour le second tour. Ils ont affirmé laisser la liberté du choix à leurs partisans. «Ni l'un ni l'autre ne correspond à notre idéal. Remplacer Ibrahim Boubacar Keïta par Soumaïla Cissé, ce n'est pas l'alternance, ce n'est pas le changement», a déclaré, lors d'une conférence de presse, C.M. Diarra, estimant qu'il ne s'agit «ni plus ni moins que d'un simple jeu de chaises musicales». De son côté, A. Diallo a indiqué qu'il «ne peut faire davantage que d'inviter les Maliens à penser à leur avenir», devant la presse, les laissant «libres de leur choix». Il a estimé aussi que «le scrutin du 29 juillet constitue la pire atteinte à la démocratie que nous ayons connue». Le sempiternel défi Le vainqueur aura la lourde tâche de relancer l'accord de paix conclu en 2015 avec l'ex-rébellion à dominante touareg, dont l'application accumule les retards. L'accord a été signé après l'intervention de l'armée française qui, en 2013, a repris le contrôle du nord du Mali, aux djihadistes. Entre-temps, les guerres intercommunautaires continuent à faire des victimes dans un pays qui compte une vingtaine d'ethnies. Ainsi, au moins onze personnes ont été enlevées et tuées, mardi dernier, dans la région de Mopti, dans le centre du Mali où les violences intercommunautaires se multiplient depuis trois ans entre Peuls, traditionnellement éleveurs, et les ethnies bambara et dogon, pratiquant majoritairement l'agriculture. Depuis le début de l'année, la Minusma a recensé une centaine d'«incidents de violence intercommunautaire qui ont fait au moins 289 morts parmi les civils», selon un bilan de l'Organisation des Nations unies (ONU) publié le 17 juillet dernier. Près de 77% de ces incidents «se sont produits dans la région de Mopti», est-il affirmé.