Une seconde phase de sanctions prendra effet en novembre et touchera les secteurs pétrolier et gazier ainsi que la Banque centrale. De lourdes sanctions américaines contre l'Iran entreront en vigueur demain. Il s'agit de la première vague de nouvelles mesures répressives prises par Washington à l'égard de la République islamique. Elle inclura des blocages sur les transactions financières et les importations de matières premières, ainsi que des sanctions sur les achats dans le secteur automobile et l'aviation commerciale. Une seconde phase de sanctions prendra effet en novembre sur les secteurs pétrolier et gazier, ainsi que la Banque centrale. Le président américain, Donald Trump, a annoncé, début mai, le retrait des Etats-Unis de l'accord sur le nucléaire iranien, conclu à Vienne le 14 juillet 2015, entre l'Iran et le groupe 5+1 (Chine, Etats-Unis, France, Grande-Bretagne, Russie et Allemagne) censé empêcher l'Iran de se doter de la bombe atomique, qu'il juge trop laxiste. Il a rétabli toutes les sanctions levées après sa signature, avec des conséquences fâcheuses pour de nombreuses entreprises européennes, sommées de quitter l'Iran sous peine d'être frappées par des mesures punitives américaines. La perspective du retour des sanctions américaines a commencé à faire fuir les investisseurs étrangers, comme le constructeur automobile français Peugeot ou l'armateur danois de navires pétroliers, Maersk Tankers. Signataires avec Washington de l'accord, les alliés européens, la Russie et la Chine tentent de le sauver. Le 12 mai, le chef de la diplomatie iranienne, Mohammad Javad Zarif, a réaffirmé que l'Iran se prépare à reprendre «l'enrichissement industriel» d'uranium «sans aucune restriction», à moins que l'Europe ne fournisse de solides garanties de maintien des relations commerciales avec Téhéran. Le 21 du même mois, les Etats-Unis menacent l'Iran de sanctions, «les plus fortes de l'histoire», si Téhéran ne se plie pas à leurs conditions pour conclure un «nouvel accord» beaucoup plus vaste, visant à réduire son influence dans la région. Le 8 juin, la vice-présidente iranienne, Masoumeh Ebtekar, a confirmé que des «travaux préparatoires» à la reprise de l'enrichissement de l'uranium sont en cours, au cas où l'accord deviendrait caduc. Le 2 juillet, le directeur politique du département d'Etat, Brian Hook, a indiqué que son pays est déterminé à réduire «à zéro» les exportations du pétrole iranien. Le 3 juillet, Hassan Rohani affirme que les Etats-Unis ne pourront jamais empêcher l'Iran d'exporter son pétrole. Il qualifie l'annonce du département d'Etat de «pure imagination». Le 6 juillet, les chefs de la diplomatie des cinq puissances restant parties à l'accord nucléaire (Allemagne, Chine, France, Royaume-Uni et Russie) ont rencontré, à Vienne, leur homologue iranien, Mohammad Javad Zarif. Ils ont fixé une feuille de route comportant 11 objectifs pour sauver ce compromis signé en juillet 2015 et tenter de garder l'Iran dans le système commercial et financier international. Parmi ces objectifs, les signataires ont plaidé pour «la poursuite des exportations de gaz et de pétrole iraniens». Aussi, ils veulent «la préservation et le maintien de canaux financiers efficaces avec l'Iran, la poursuite des communications maritimes, terrestres, aériennes et ferroviaires, la promotion de la couverture du crédit à l'exportation, un soutien clair et efficace aux opérateurs économiques qui commercent avec l'Iran (...), l'encouragement de nouveaux investissements en Iran, la protection des opérateurs économiques pour leurs investissements et autres activités financières en Iran». Le bâton et la carotte Cependant, lundi dernier, le président Trump a affirmé qu'il est prêt à voir les dirigeants iraniens «quand ils veulent», malgré la fermeté affichée contre Téhéran. «Je ne sais pas s'ils y sont prêts», a déclaré le président américain. Et d'ajouter : «J'imagine qu'ils voudront me rencontrer, je suis prêt à les rencontrer quand ils veulent.» Selon lui, c'est «bon pour eux, bon pour nous, bon pour le monde entier», surtout «si nous pouvons trouver une solution sérieuse, pas un gâchis de papier comme l'autre accord». Allusion à l'accord du 14 juillet 2015. Il a en revanche indiqué ne pas poser de conditions à une rencontre. Mais son secrétaire d'Etat, Mike Pompeo, a précisé un peu plus tard sur la chaîne CNBC qu'une réunion au sommet pourrait avoir lieu, «si les Iraniens démontrent qu'ils sont prêts à des changements fondamentaux dans leur manière de traiter leur peuple, modifient leur comportement malveillant» au Moyen-Orient et se montrent ouverts à un accord sur le nucléaire «qui empêche vraiment la prolifération». Le porte-parole du Conseil de sécurité nationale a ensuite affirmé que «les Etats-Unis sont prêts à entreprendre des actions pour supprimer les sanctions, rétablir des relations diplomatiques et commerciales totales, permettre à l'Iran d'avoir une technologie avancée et soutenir la réintégration de l'économie iranienne dans le système économique international». «Cependant, cet assouplissement n'est possible que s'il y a des évolutions tangibles, prouvées et durables dans les politiques de Téhéran», a soutenu Garrett Marquis. «Jusque-là, le fardeau des sanctions ne sera que de plus en plus lourd, si le régime ne change pas de voie.» Un conseiller du président iranien Hassan Rohani a déclaré hier que tout pourparlers avec les Etats-Unis devaient commencer par une réduction des hostilités et un retour à l'accord sur le nucléaire. «Le respect de la grande nation iranienne, la réduction des hostilités, le retour des Etats-Unis dans l'accord nucléaire… Cela ouvrira le chemin chaotique du moment», a écrit Hamid Aboutalebi sur Twitter. Toutefois, le porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Bahram Ghasemi, a affirmé la veille, et avant la déclaration de Trump, que les pourparlers avec Washington sont impossibles. «Etant donné les mesures hostiles des Etats-Unis envers l'Iran après son retrait du JCPOA (le sigle officiel de l'accord, ndlr) et le rétablissement des sanctions économiques, il n'y a aucune possibilité de pourparlers et Washington révèle sa nature indigne de confiance jour après jour», a déclaré M. Ghasemi. L'ouverture américaine intervient après un échange récent de propos belliqueux entre les deux pays. Le président Rohani a prévenu qu'un conflit avec l'Iran serait la «mère de toutes les guerres». «Ne menacez plus jamais les Etats-Unis ou vous allez subir des conséquences telles que peu au cours de l'histoire en ont connues auparavant», a répondu Donald Trump dans un tweet. «Soyez prudent !» a ensuite rétorqué le ministre iranien des Affaires étrangères, Mohammad Javad Zarif.