Adjugé ! L'hôtel Djurdjura de Tikjda a été cédé la semaine dernière au Comité olympique algérien (COA). L'information nous a été confirmée samedi dernier par Mustapha Berraf, le président du COA. Faisant partie des quatre établissements hôteliers proposés à la privatisation par l'Entreprise de gestion touristique du Centre (Egtc), le Djurdjura passe ainsi sous la coupe d'un autre organisme étatique. « A la lecture de l'appel d'offres, nous nous sommes portés acquéreurs. Etant un organisme d'utilité publique, chargé de promouvoir le sport, le COA reste prioritaire », a indiqué M. Berraf. L'avis d'appel d'offres national et international lancé sur le site Internet de l'EGTC avait fixé au 9 octobre 2004 le début du retrait des cahiers des charges contre paiement de 5000 DA pour les nationaux et 100 dollars américains ou 100 euros pour les étrangers. Le transfert de priorité de l'hôtel Djurdjura semble avoir été effectué dans la « discrétion ». Sur quels critères le COA a-t-il été retenu ? Quel est le montant de la transaction ? Combien y a-t-il eu de soumissionnaires ? Autant de questions qui restent sans réponse. Nos multiples tentatives d'entrer en contact avec le premier responsable de l'EGTC ont été infructueuses. L'information la plus étonnante est venue de la Société de gestion des participations de l'Etat, tourisme et hôtellerie (SGP Gestour). Notre interlocutrice au bout du fil nous a effectivement appris que Gestour « n'est pas concernée par la vente de l'hôtel Djurdjura. C'est l'EGTC qui a mené l'opération ! ». Sur son site Internet, la Sgp Gestour précise pourtant que l'une de ses missions prioritaires consiste à transférer « la gestion de l'activité du tourisme et d'hôtellerie vers le secteur privé national et international pour assurer le désengagement de l'Etat de cette branche d'activité ». La procédure a-t-elle été respectée d'autant que le partenaire social n'a pas été du tout consulté ? « Jusqu'à présent, nous n'avons pas été saisis officiellement. Nous avons seulement entendu des informations faisant état de la reprise de l'hôtel Djurdjura par le COA. Nous n'excluons aucune possibilité de reprise, ce qui nous intéresse, c'est l'intérêt des travailleurs », a indiqué M. Azzira, le secrétaire général du syndicat de l'Egtc. Il attend de prendre connaissance des clauses de l'accord avant de se prononcer. Moins indulgent, le secrétaire général de la Fédération nationale du tourisme et du commerce (FNTC), Rabah Brahmia, a catégoriquement rejeté cette transaction. « S'il y a privatisation d'un hôtel, les travailleurs doivent être prioritaires », a-t-il ajouté, précisant à son tour que la Fntc n'a pas été associée lors de la mise en vente de l'hôtel Djurdjura. Opposé à la publication d'une liste de 25 hôtels à privatiser sur Internet, le syndicat Ugta a appelé récemment le gouvernement au dialogue afin de trouver un terrain d'entente autour des modalités de privatisation de 1200 entreprises publiques. Autre zone d'ombre dans l'accord entre le COA et l'EGTC : la structure hôtelière gardera-t-elle sa vocation touristique ? Le COA a-t-il par ailleurs pour prérogative de gérer un hôtel ? La SGP Gestour précise que les structures hôtelières privatisables doivent garder leur activité de service. Tout en donnant des garanties sur le sort des 35 travailleurs, le président du COA a indiqué que la station de Tikjda, dont il ambitionne de faire une station de ski internationale, continuera à recevoir les touristes, notamment dans l'hôtel Djurdjura. « C'est un hôtel complètement détruit par le terrorisme. Ce sont les sportifs qui ont redoré le blason à cet endroit », a-t-il ajouté, assurant que les capacités de l'hôtel Djurdjura seront renforcées. Aussi, le président du COA a tenu à préciser qu'il n'a jamais chargé quelqu'un de lui réserver une table, vendredi dernier, dans cet hôtel, comme rapporté dans notre édition de samedi. « Bien que c'est mon droit le plus absolu en tant que citoyen algérien », a-t-il tenu à souligner. Le Djurdjura, composé d'un hôtel et d'une auberge, dispose de 91 chambres et de sept appartements, de deux restaurants, de deux cafétérias, d'une piscine, de six boutiques et d'un parking. Une trentaine de chambres est seulement exploitée depuis la réouverture de l'hôtel vers la fin de l'année 2001. Il avait été complètement détruit par le terrorisme durant les années 1990.