1145 morts et 5160 blessés, tel est le bilan provisoire de la machine de guerre mise en branle depuis 21 jours par l'armée d'occupation israélienne à Ghaza l Ni la communauté internationale ni l'Onu et encore moins les régimes arabes, qui se tirent dans les pattes, n'ont réussi à fléchir cette volonté d'exterminer toute une population civile. En attendant de « raisonner » l'enfant gâté de la communauté internationale pour l'amener à stopper sa machine de guerre déployée depuis trois semaines à Ghaza, la population civile continue de compter ses morts. En entamant leur quatrième semaine, les raids aériens et terrestres ont fait près de 1145 morts – dont plus d'un tiers est composé de femmes et d'enfants – et plus de 5160 blessés. La journée de jeudi a été la plus meurtrière avec un lot de plus de 70 morts, parmi lesquels le ministre de l'Intérieur du gouvernement déchu de Hamas à Ghaza, Saïd Siam, âgé de 49 ans. Le défunt a été tué avec son fils Mohamed et son frère Iyad par un missile aérien qui a visé le bâtiment où réside son frère, dans le nord de Ghaza-ville. Sa belle-sœur, un garde du corps et quatre voisins ont été également tués dans le raid. Saïd Siam, figure emblématique du mouvement Hamas, a été accompagné hier à sa dernière demeure par plusieurs milliers de Palestiniens au cimetière des Martyrs, situé au nord de la ville et où sont enterrés de nombreux chefs du Hamas tués par l'armée d'occupation, comme son fondateur Cheikh Ahmed Yacine et son successeur, Abdelaziz Rantissi. Selon les agences de presse internationales, les bombardements se sont intensifiés, durant la nuit de mercredi à jeudi, pour permettre l'incursion, jeudi, des troupes terrestres dans plusieurs quartiers périphériques du centre de Ghaza, avant d'être repoussées par la résistance palestinienne. Les raids aériens se sont alors multipliés pour mettre en flammes de nombreux bâtiments et les réduire en cendres. Comme l'horreur n'a pas de limite chez l'entité sioniste, c'est le quartier général de l'Onu pour l'aide aux réfugiés palestiniens (Urnwa), à Ghaza-ville, qui a été la cible d'un missile qui a déclenché un incendie, blessant trois employés onusiens. Le seul espace censé être protégé pour accueillir la population civile, surtout des femmes et des enfants, mais aussi pour stocker l'aide alimentaire. Tout a été réduit en cendres. Ce bombardement, condamné par la communauté internationale, est intervenu au moment où le secrétaire général de l'Onu était en route vers Israël pour le prier de respecter le cessez-le-feu imposé par une résolution du Conseil de sécurité. Le Premier ministre israélien, Ehud Olmert, a exprimé son regret mais a justifié ce bombardement en disant que son armée a riposté à des tirs du Hamas en provenance du complexe. Quelques instants plus tard, des missiles tirés par des hélicoptères ont ciblé l'immeuble Al Shourouq qui abrite les bureaux de l'agence de presse Reuters, des télévisions Fox, Sky et RTL ainsi que des médias arabes comme les chaînes Al Arabiya, MBC et Abou Dhabi. Cette attaque, qui a fait deux blessés graves (des cameramen de la chaîne Abou Dhabi), a été fermement dénoncée par les organisations de la presse internationale, notamment parce qu'Israël savait que ce bâtiment était utilisé par les journalistes. Poursuivant sa politique d'extermination massive, l'armée israélienne a pilonné la pharmacie de l'hôpital Al Qods, la réduisant en ruines. Fort heureusement, les 300 personnes qui s'y trouvaient ont pu être transférées dès les premiers obus. Une situation chaotique qui a poussé Ban Ki-moon à déclarer insupportable le nombre de victimes palestiniennes, se disant même « scandalisé » par le bombardement du complexe de l'Unrwa. La journée de jeudi a été également celle du chassé-croisé de la diplomatie pour arrêter le massacre de la population ghazaouie, mais aussi celle de la déconfiture totale des régimes arabes, qui sont apparus dangereusement divisés sur une question censée être le dénominateur commun des 22 pays composant la Ligue arabe. Entre temps, les bombardements se sont poursuivis avec une intensité indescriptible et le bilan a dépassé les 1145 morts et près de 5160 blessés. A l'Onu, une réunion d'urgence de l'Assemblée plénière est convoquée par son président Miguel d'Escoto (à la demande de la Malaisie, de l'Indonésie et de la Syrie) qui a accusé Israël de « violations du droit international dûment notées comme : punition collective, usage disproportionné de la force et attaque de cibles civiles dont des maisons, des mosquées, des universités et des écoles ». Au même moment, l'Unrwa a annoncé la suspension provisoire de ses activités à Ghaza et la résistance continuait à repousser, dans des combats acharnés, les forces israéliennes, poussant des centaines de familles à fuir les lieux. Des incursions de blindés ont été signalées dans deux autres quartiers, Al Choujaïya et Zeitoun, où des combats acharnés les ont opposés à la résistance. Un déluge de bombes larguées par les F16, des tonnes d'obus et des centaines de missiles tirés par des hélicoptères ont provoqué le chaos à Ghaza. Les secours ont eu du mal à intervenir pour ramasser les blessés, pris au piège des bombardements. « Choqués » par cette tragédie, les dirigeants britanniques et allemands ont déclaré que la « situation humanitaire appelle à plus de pression » pour obtenir un cessez-le-feu, a affirmé la chancelière allemande Angela Merkel, à l'issue d'un entretien avec le Premier ministre britannique, Gordon Brown, à Berlin. La Croix-Rouge internationale a jugé la situation humanitaire de « dramatique », alors que le Fonds des Nations unies pour l'enfance (Unicef) a qualifié d'« inacceptable » la mort de plus de 300 enfants. Mais ces appels sont restés sans réponse. La trêve de 4 heures faite par l'armée d'occupation pour acheminer l'aide humanitaire « 130 camions de ravitaillement, de médicaments et de fioul », a été vite violée, puisque des tirs de missiles ont visé de nombreux quartiers avant de baisser leur intensité. En attendant l'application par Israël de la résolution onusienne portant cessez-le-feu, le nombre de Palestiniens tués, lui, ne cesse d'augmenter. La liste des 1145 morts et 5160 blessés reste ouverte....