Certains médecins allaient démissionner collectivement, mais le wali, lors d'une réunion tenue au siège de la wilaya, les a rassurés en leur promettant de trouver une solution à la situation de crise qui prévaut à l'hôpital Alia Salah, l'un des plus grands hôpitaux de Tébessa. Le bras de fer opposant des médecins et des paramédicaux exerçant à l'hôpital à la direction ne semble pas connaître son épilogue. En fin de semaine écoulée, certains d'entre eux se sont rapprochés de notre bureau pour exprimer leur désarroi et leur lassitude face aux conditions de travail jugées «dégradantes». Certaines décisions prises par l'actuel directeur de l'établissement hospitalier n'ont fait, selon eux, qu'aggraver les choses. «Le directeur de l'hôpital Alia Salah prétend être le mieux placé et refuse tout dialogue. Il agit d'une manière unilatérale dans la gestion de l'établissement hospitalier, chose qui s'est répercutée négativement sur son fonctionnement», s'est indigné un paramédical. Un chirurgien a fait savoir : «Notre directeur se mêle trop des aspects techniques qui relèvent de nos prérogatives en tant que médecins.» Et à son collègue d'ajouter : «On veut la stabilité dans nos services pour pouvoir soigner correctement nos patients et le dernier remaniement dans l'effectif a complètement chamboulé les choses.» Dans une pétition, dont El Watan détient une copie, une quinzaine de médecins ont interpellé le ministre de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière afin qu'il intervienne pour mettre la lumière sur ce qu'ils qualifient de «pratiques irresponsables de la direction». Il est à signaler que le wali a tenté de jouer au médiateur pour mettre fin au conflit en ordonnant au directeur de la santé de Tébessa de provoquer des rencontres pour trouver un consensus entre les protagonistes, mais le directeur de l'hôpital Alia Salah était le grand absent, nous a-t-on soutenu. «C'est inadmissible de bafouer la décision du premier magistrat de la wilaya de la sorte», a conclu un infirmier. Contacté par téléphone, le directeur de l'hôpital en question, dira à propos de ce qu'on lui reproche : «L'hôpital Alia Salah compte plus de 700 employés et quand on voit une vingtaine d'employés qui ne sont pas satisfaits, je peux dire que l'établissement fonctionne bien», a-t-il avancé. Et de poursuivre : «Je n'ai pas de problème avec quiconque, même ceux qui avaient observé une action de protestation contre moi sont venus me demander des excuses parce qu'ils étaient manipulés par un médecin à la retraite. Seuls deux médecins posent problème. Le premier a ramené un médecin, résidente au CHU de Annaba pour faire une intervention chirurgicale ici à Alia Salah sans passer par la direction, le second allait imposer un fournisseur de produits de laboratoire, chose qui n'est pas dans ses prérogatives. Quand la direction a soulevé leurs dépassements, ils se sont retournés contre elle». UN PASSE-DROIT ET DES MECONTENTS Plusieurs travailleurs dans le secteur de la santé à Tébessa, parmi eux des médecins frustrés de voir leur demande de logement de fonction en attente ou rejetée, ont dénoncé un passe-droit dans l'attribution d'un logement (F2) accordé à une élue, présidente de la commission de la santé, d'hygiène et de protection de l'environnement à l'Assemblée populaire de wilaya (APW). Selon, une décision signée par le directeur de l'hôpital Alia Salah, qui se trouve à notre possession, le logement en question est situé à la cité 270 Logements. Il a été bien équipé à la charge de l'hôpital. Cette faveur accordée à cette élue a suscité beaucoup de mécontentement au sein du personnel du secteur et chez certains élus de l'APW. «Comment peut-on concéder un logement de fonction à la présidente de la commission de la santé à l'APW, censée contrôler et soulever les lacunes du secteur dans la wilaya», s'est interrogé un chirurgien. Nous avons demandé au premier responsable de l'établissement des explications, mais il a préféré s'abstenir. Après des années de fermeture, due à des travaux de réhabilitation qui ont englouti plus de 160 millions de dinars, l'Etablissement hospitalier Alia Salah a rouvert ses portes en 2016, mais depuis, sa gestion a fait couler beaucoup d'encre.