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Festival de la chanson amazighe à Béjaïa : Takfarinas rallume Bougie
Publié dans El Watan le 14 - 08 - 2018

Comme si on pouvait négocier un peu plus de propreté avec un peu moins de culture. Finalement, grâce à la pression populaire, la musique, la joie, le bonheur, la paix, la convivialité, le vivre-ensemble, la mixité dans le respect, en résumé, la culture de la vie, a eu le dernier mot.
Avant la montée de ce redoutable showman qu'est Takfarinas, Béjaïa a tenu à faire son mea-culpa au monde pour les sinistres voyous qui ont souillé sa terre hospitalière avec le sang d'une innocente victime assassinée pour 200 DA.
Une minute de silence a été observée à la mémoire du jeune Zoubir Aïssa, le jeune estivant originaire de Oued Souf, qui a été tabassé à mort par des parkingeurs sur une plage de la côte est béjaouie.
Des condoléances et des excuses ont été exprimées à sa famille au nom de toute la population de la région, affligée par un horrible drame humain qui a secoué les consciences et par un geste qui porte atteinte à la réputation d'une région attachée aux valeurs universelles d'humanisme, de respect de l'autre et du vivre-ensemble.
Le stade scolaire était en effervescence en ce début de soirée de samedi. Dans un coin du chapiteau réservé aux artistes, où se bousculaient journalistes musiciens et VIP, nous sommes tombés sur un Takfarinas un peu en retrait, qui discutait en tête à tête avec Boudjemaâ Agraw, son ancien compère au sein du groupe Agraw, ce duo qui a marqué d'une pierre blanche les années 80 avec un son nouveau et une approche musicale nouvelle.
Ce gala marque donc le retour sur scène de Takfarinas et les retrouvailles du groupe Agraw, dont les deux membres principaux étaient en froid depuis des décennies. «Apparemment, ce soir, c'est le grand retour de Takfarinas après une longue éclipse ?» avions nous demandé au chanteur.
«Vous savez, mon grand retour se fera à l'occasion de mon prochain album. Cela fait une année et demie que je travaille dessus. J'espère le terminer à cette rentrée pour programmer ensuite sa sortie», dit-il.
Agraw se reforme sur scène le temps d'une chanson
De son côté, Boudjemaâ Agraw, à qui nous avons demandé ses impressions à propos de ses retrouvailles avec son ancien complice de scène dira : «Nous avons travaillé ensemble de 1980 à 1984 et produit deux albums. Je pense que la réussite du groupe est due au fait que nous avions des qualités personnelles différentes mais complémentaires.» Takfarinas : «Notre rencontre été particulière. Le groupe a fait boum et c'est resté dans l'histoire.»
«Un duo à l'occasion de ce gala ?» interroge votre serviteur. «Pourquoi pas ? On verra», répond Takfarinas. C'est le moment de l'entrée sur scène. On l'appelle. Takfarinas se saisit de sa guitare à deux manches. «Vous savez combien pèse cette guitare ? 7 kilos ! Il faut être un athlète pour porter ce poids pendant tout le gala. J'ai commandé une nouvelle guitare et je l'aurai bientôt», dit-il avant de monter sur scène.
Les fans s'empressent de prendre des selfies avec la star qui se laisse photographier avec le sourire, tandis que ses musiciens chauffent le public. Ils sont 18 sur scène et 22 pour le staff complet arrivé quelque temps auparavant dans un bus de luxe.
Il est 22 heures tapantes lorsque l'artiste attaque avec Azul. Un tube au rythme alaoui endiablé, qui fait aussitôt grimper la température du stade de plusieurs degrés d'un coup.
En professionnel chevronné, il soigne son entrée sur scène. Costume en paillettes, comme celui d'Elvis Presley période Las Vegas, guitare griffée «Yal» du nom du style de musique dont il se revendique, ceinture de guitare blanche, avec motifs musicaux noirs, bottines scintillantes, tout l'attirail de la bête de scène, férue des grandes foules fiévreuses était là. Takfarinas enchaîne avec Aadane wussane, une chanson nostalgique qui raconte le temps qui passe et blanchit les tempes en emportant les dernières illusions de jeunesse. «Hier seulement j'avais 20 ans».
Rentrer dans la danse et la transe
Le public n'est pas tout de suite rentré dans la danse ni dans la transe. Chanson après chanson, Takfarinas se charge de lui mettre le diable au corps, quand ce n'est pas le vague à l'âme. On l'oublie souvent, mais l'homme, excellent musicien, est un virtuose du mandole.
Il a également des cordes vocales d'une qualité exceptionnelle qu'il module comme il veut. Ce qui lui permet d'aller dans des gammes et des tons improbables là où très peu d'artistes s'aventurent. A l'entracte, on appelle la veuve du regretté chanteur et coqueluche de Béjaïa, Abdelkader Bouhi, pour lui remettre un prix symbolique et un chèque fourni par le DG de l'ONDA.
Ensuite, c'est au tour de Boudjemaâ Agraw d'être honoré avec un autre prix symbolique. «J'ai donné 45 ans de ma vie au service de la chanson engagée pour la cause amazighe», dit-il sous les applaudissements nourris et les vivats de la foule. Moment émouvant, sa propre fille lui fait la surprise de lui remettre un bouquet de fleurs sur scène. Peu avant le début du gala, Boudjemaâ nous avait raconté une anecdote concernant le Festival de la chanson amazighe.
«En 1990, Madjid Amokrane, dit Madjid amazigh, avait concocté un programme avec les noms de tous les grands chanteurs kabyles sans exception. Il avait couché les noms de toutes les vedettes sur l'affiche. Le jour venu, il y avait près de 15 000 personnes survoltées au stade Benallouache. J'ai dû monter sur scène pour expliquer au public que malheureusement beaucoup de ces stars avaient des empêchements mais que leur présence à eux dans ce stade était une grande victoire pour le combat amazigh. Nous avons dû faire le gala avec 3 micros et une pastille que j'avais ramenée de France pour le mandole de Matoub Lounes. D'ailleurs, il a toujours refusé de la restituer», dit-il dans un grand éclat de rire.
Après l'entracte, Takfarinas remonte sur scène et rappelle tout de suite son ancien compère pour un duo. C'est sa façon à lui de lui rendre hommage. «J'appelle Voujemâa pour un duo. Wa Vouj ! Wa Vouj, viens là!», lance-t-il au micro. Le public exulte.
Ces deux-là on ne les a pas revus ensemble sur scène depuis les années 80. Les anciens membres du groupe Agraw chantent une chanson symbolique, Amdakkel, de Ferhat Imazighen Imula, qui est une adaptation en kabyle d'un chant allemand de 1945 racontant la perte d'un ami sur un champ de bataille. En fait, même s'ils se sont quittés pour partir chacun de son côté, ces deux-là n'ont jamais déserté le champ de bataille au service d'une même cause.
Visiblement, des ondes d'émotion partent de la scène pour parcourir toute l'assistance. Après Amdakkel, Takfarinas s'engage sur une autre chanson, l'un de leurs tubes commun : Leswar zzine et demande à tous les musiciens de remonter sur scène. «Nous ne l'avons pas répétée mais ce ne fait rien, on va la chanter». Leswar zzine est une très belle mélodie qui raconte le quotidien d'un détenu embastillé dans une cellule. Là encore l'émotion est à son comble.
Chaâbi khelwi et rythmes endiablés
La deuxième partie commence en douceur avec Elwaldine, une chanson en hommage aux parents. Un chaâbi «khelwi» style «anqaoui» magistralement interprété par Takfarnas, aidé de son guitariste bras droit et complice au mandole et au bonjo, Abdennour Djemaï, l'enfant de la ville de «Vgayeth». «Ecoutez ce son qui viens de Vgayteh, écoutez ce bijou de banjo. Cela fait 25 ans que nous jouons ensemble moi et Nonor», dit-il à la foule pour expliquer cette complicité des deux musiciens exceptionnels. Le chaâbi, art populaire par excellence et, tel que porté par El Hasnawi, El Anqa et tant d'autres Cheikhs, est l'occasion pour Takfarinas de montrer une autre facette de ses multiples talents musicaux.
Place ensuite à la danse et au rythme. L'artiste a un répertoire très riche en chansons rythmées et en quelques instants il met le public dans sa poche. Tebbog Riri, Way Thelha, Yebwa Romane, Zaâma zaâma, à présent même les plus coincés, les plus ankylosés gigotent sur leurs chaises ou dans les gradins, quand ils ne dansent pas frénétiquement sans pouvoir s'arrêter. Takfa a fini par mettre le stade en feu.
Les ultimes jointures soudées, les dernières réticences glacées et les postures guindées sont vaincues. Tout le registre de la bête de scène est mis à contribution pour le finish : une énergie communicative, une voix de stentor, une forte présence sur scène, une façon de communiquer avec le public et de l'impliquer dans le jeu, Takfa joue sur du velours devant un public acquis.
Cerise sur le gâteau : une belle danseuse virevolte sur scène sur chaque chanson avec une tenue différente. Touchante attention, la fille de Boudjemaâ Agraw lui apporte un bouquet de fleurs sur scène.
La musique, culture de la vie
Le chanteur et ses musiciens saluent le public à la fin de leur performance et s'offrent même le luxe de faire un selfie groupé avec l'assistance dos tournés pour immortaliser l'événement. Takfarinas a confirmé toute l'étendue de son talent de showman et de bête de scène. Et comme l'année dernière à pareille époque et comme bien souvent au cours de l'année, Béjaïa a montré encore une fois son attachement à la culture de la vie.
Des milliers de citoyens, majoritairement venus en famille, se sont regroupés pour communier ensemble de la plus belle des façons : en musique. Au moment où, ici et là, les vieux démons de l'intolérance et de l'inculture se réveillent pour promettre aux Algériens un enfer qu'ils viennent tout juste de quitter, c'est un message qui revêt une importance capitale.
L'Algérien, comme tous les humains, aspire à s'épanouir dans la joie et la paix. La musique court dans ses veines et irrigue toute son identité. Il ne peut vivre que de pain et de prières.


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