L'annulation de l'aide américaine intervient alors que le déficit actuel de l'Office de secours et de travaux des Nations unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient est de 217 millions de dollars. L'annulation, vendredi, par l'administration américaine d'une aide de plus de 200 millions de dollars aux Palestiniens a provoqué l'ire de ces derniers. Washington «recourt à un chantage minable comme outil politique. Le peuple palestinien ne se laissera pas intimider et ne cédera pas à la contrainte. Les droits du peuple palestinien ne sont pas à vendre», a réagi dans un communiqué Hanane Achraoui, membre du Conseil exécutif de l'Organisation de libération de la Palestine (OLP), relayée par des médias. «Il n'y aucune gloire à constamment intimider et punir un peuple sous occupation. L'administration américaine a déjà manifesté sa bassesse dans sa collusion avec l'occupation israélienne et ses vols de terres et de ressources. Maintenant, elle exerce des pressions en punissant les victimes palestiniennes de cette occupation», a-t-elle ajouté. Dans un communiqué rendu public la veille, l'envoyé de l'OLP à Washington, Hossam Zomlot, a observé que l'administration Trump est «en train de démanteler des décennies de vision et d'engagement américains en Palestine». Et de poursuivre : «Après Jérusalem et l'Unrwa (Office de secours et de travaux des Nations unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient), ceci ne fait que confirmer l'abandon de la solution à deux Etats et l'adhésion complète à l'agenda anti-paix de Netanyahu», le Premier ministre israélien. Pour le responsable palestinien, «faire de l'aide humanitaire et au développement un outil de chantage politique ne fonctionne pas». Le 17 août, les Nations unies ont averti dans un communiqué que le financement des opérations humanitaires dans les Territoires palestiniens occupés est à son niveau le plus bas, menaçant la livraison d'aides vitales aux populations de Cisjordanie et de Ghaza. Jusqu'à présent, seuls 25% des près de 540 millions de dollars nécessaires cette année ont été reçus, a indiqué le Bureau des Nations unies pour la coordination des affaires humanitaires (OCHA). Selon ledit bureau, la baisse du financement de l'Unrwa «a été un facteur clé». De son côté, le chef de l'Unrwa, Pierre Krohenbühl, a relevé la veille que le financement des opérations de son office n'est assuré que jusqu'à la fin du mois de septembre. «Le déficit actuel de l'Unrwa est de 217 millions de dollars», a-t-il déclaré devant sa commission consultative. Impasse Les relations entre Washington et l'Autorité palestinienne sont gelées depuis l'annonce par le président américain Donald Trump, fin 2017, de sa reconnaissance unilatérale de Jérusalem comme capitale d'Israël. Les Palestiniens refusent depuis tout contact et dénient à Washington tout rôle de médiateur dans le processus de paix. En réaction, Donald Trump a annoncé fin janvier qu'il allait conditionner le versement de l'aide aux Palestiniens à leur retour à la table des négociations, bloquant alors les 215 millions de dollars que l'administration américaine devait investir en 2018 à Ghaza et en Cisjordanie occupée pour l'aide humanitaire et le développement. Les Etats-Unis ont déjà coupé en janvier leur contribution à l'Unrwa, obligée depuis de licencier plus de 250 employés. La Maison-Blanche a mis sur pied une équipe dirigée par le gendre du président, Jared Kushner, et l'émissaire spécial Jason Greenblatt à l'effet d'élaborer un plan de paix pour le Proche-Orient et dont l'annonce est régulièrement présentée comme imminente. Donald Trump a indiqué, avant sa décision controversée sur Jérusalem, vouloir aboutir à un «accord ultime» pour régler le conflit israélo-palestinien. Dans un entretien accordé en juin au journal palestinien Al Qods, Jared Kushner a réaffirmé la volonté des Etats-Unis de relancer le processus de paix tout en s'interrogeant ouvertement sur la capacité, mais aussi la volonté, du président palestinien Mahmoud Abbas de parvenir à un accord. «Les deux parties devront faire un pas en avant et se retrouver à mi-chemin (…). Je ne suis pas sûr que le président Abbas soit en mesure de faire cela», a-t-il déclaré.