Après sa décision de reconnaissance d'El-Qods comme capitale d'Israël, son gel de la contribution financière à l'UNRWA, le président américain annule l'aide prévue pour des programmes en Cisjordanie et dans la bande de Ghaza, pour faire plier l'Autorité palestinienne. Visiblement très irrité par la position de l'Autorité palestinienne, qui refuse tout rôle aux Etats-Unis dans le processus de paix israélo-palestinien depuis qu'il a annoncé en décembre 2017 sa reconnaissance d'El-Qods comme capitale de l'Etat hébreu, le président US use de tous les moyens pour ramener les Palestiniens à la table des négociations. Ainsi Washington annoncé vendredi l'annulation de plus de 200 millions de dollars d'aide aux Palestiniens "à la demande" du président Donald Trump. Dans une déclaration à la presse, un haut responsable du département d'Etat a indiqué que l'administration américaine va "rediriger plus de 200 millions de dollars initialement prévus pour des programmes en Cisjordanie et dans la bande de Gaza". "Ces fonds iront désormais à des programmes hautement prioritaires ailleurs", a ajouté la même source sans plus de précisions. Le département d'Etat US assure avoir "pris en compte les défis auxquels est confrontée la communauté internationale pour fournir son assistance à Ghaza, où le contrôle du Hamas met en danger la vie des Ghazaouis et aggrave une situation humanitaire et économique déjà désastreuse". Plusieurs observateurs voient dans ces décisions financières une manière de tordre le bras à l'Autorité palestinienne afin qu'elle finisse par accepter l'offre de paix de Washington. Pour rappel, les relations sont gelées entre les Etats-Unis et l'Autorité palestinienne depuis l'annonce par Trump, fin 2017, de sa reconnaissance unilatérale d'El-Qods comme capitale d'Israël. En effet, les Palestiniens refusent depuis tout contact avec l'administration américaine et lui dénient tout rôle de médiateur dans le processus de paix avec Israël. Devant cette situation, Trump avait annoncé fin janvier qu'il allait conditionner le versement de l'aide aux Palestiniens à leur retour à la table des négociations, bloquant alors les 215 millions de dollars que l'administration américaine devait investir en 2018 à Ghaza et en Cisjordanie occupée pour l'aide humanitaire et au développement. Les Etats-Unis avaient aussi déjà drastiquement coupé en janvier dernier leur contribution à l'UNRWA, obligée depuis de licencier plus de 250 employés. Pendant ce temps, la Maison-Blanche, sous la houlette d'une petite équipe dirigée par le gendre du président, Jared Kushner, et l'émissaire spécial Jason Greenblatt, travaille depuis des mois à un plan de paix pour le Proche-Orient aux contours flous et dont l'annonce est régulièrement présentée comme imminente. Les responsables palestiniens avaient déjà balayé cette semaine une apparente ouverture de Trump, qui leur a promis "quelque chose de très bien" en compensation de la reconnaissance de Jérusalem comme capitale d'Israël. Dans un entretien accordé en juin dernier au journal palestinien Al-Qods, Kushner avait réaffirmé la volonté des Etats-Unis de relancer le processus de paix tout en s'interrogeant ouvertement sur la capacité, mais aussi la volonté du président palestinien Mahmoud Abbas de parvenir à un accord. Merzak Tigrine