Le sénateur républicain John McCain est décédé samedi soir, à l'âge de 81 ans. Souffrant d'un cancer du cerveau, il a demandé délibérément à interrompre les soins après avoir constaté qu'il n'avait aucune chance de guérir. Avec sa mort, c'est un pan entier de l'histoire des Etats-Unis qui s'en va. Faisant partie des principaux personnages du paysage politique américain, le sénateur John McCain a connu des hauts et des bas dans sa vie politique et militaire. Fils et petit-fils de militaires américains, il s'engage comme pilote dans l'US Navy lors de la guerre entre les Etats-Unis et le Vietnam. Il est capturé en 1967 par les soldats du Vietnam et subit des actes de torture tout au long de son emprisonnement qui a duré 5 ans.En 1973, il est libéré et retourne en héros aux Etats-Unis. Il est accueilli par le président Richard Nixon en personne sur le tarmac de l'aéroport. De cette période, il garda les souvenirs d'une guerre atroce, mais justement menée par les Vietnamiens qui désiraient reconquérir leur indépendance. Personnage central au sein du parti républicain, respecté et très influent, il entre en politique en 1982, en devenant membre du Congrès américain. En 1986, il est brillamment élu sénateur de l'Etat de l'Arizona. Un poste qu'il occupa jusqu'à sa mort, survenue samedi soir dernier. Discours historique en 2008 En 2000, John McCain a pris part à l'élection interne du parti républicain qui devait dégager un candidat qui portera les couleurs du parti lors de l'élection présidentielle. Mais il échouera à passer face à George W. Bush qui deviendra président des Etats-Unis après avoir été sénateur du Texas. George Bush restera d'ailleurs président durant deux mandats, c'est-à-dire jusqu'en 2008. Loin d'être dégoûté de la politique et des échecs répétés, John McCain tenta également sa chance en 2008 face à Barack Obama. Mais ce dernier est élu avec brio grâce, notamment, au vote des Américains noirs et des Hispaniques. Déçu et échaudé, il prononce, le soir du 5 novembre 2008, un discours historique, dans lequel il rend hommage à son adversaire. Il a dit : «C'est une élection historique et je comprends la signification particulière qu'elle peut revêtir pour les Africains-Américains, ainsi que la fierté qui doit être la leur ce soir. J'ai toujours cru que l'Amérique pouvait offrir sa chance à celui qui est prêt à la saisir. Le sénateur Obama le croit également. Mais nous savons tous les deux que, même si nous avons fait un long chemin depuis les injustices anciennes qui ont entaché, par le passé, la réputation de notre nation et qui ont empêché des Américains de jouir pleinement de leur citoyenneté, leur mémoire reste une blessure.» Ennemi juré de Donald Trump Homme de dignité, il lui est arrivé de soutenir Barack Obama dans certaines décisions. Comme la loi sur la santé universelle, par exemple. Il avait également appelé à la régularisation de tous les clandestins et sans-papiers du pays (en majorité des Mexicains) avant d'intensifier les contrôles sur les frontières entre le Mexique et les Etats-Unis. Ce positionnement lui a valu de nombreuses critiques de la part des ténors du parti républicain auquel il appartenait. Mais son ennemi juré reste Donald Trump qu'il accuse de ne «pas respecter les droits de l'homme et d'attaquer sans raison les médias». Dans son dernier livre La vague agitée, paru en 2018, il accuse Trump de «traîtrise, de ne pas respecter les droits des réfugiés et de flatter les tyrans du monde entier». Il faut dire que D. Trump n'y est pas allé avec le dos de la cuillère. En 2015, il a déclaré que «McCain n'est pas un vrai héros car il s'est fait capturer», ajoutant : «Moi, j'aime les vrais héros, ceux qui ne se font pas capturer.» Une phrase qui a inauguré une inimitié éternelle entre les deux hommes. D'ailleurs dans son testament, John McCain a exigé que le président américain n'assiste pas à ses funérailles.