Una «Tragedia» (tragédie), «Historia trasformada en cinzas» (l'histoire transformée en cendres», «O pais que mata a sua historia» (pays, qui a assassiné ton histoire ?). Au Brésil, l'heure est au deuil national. Et pour cause ! Le musée national de Rio, communément appelé le «Museu Nacional da Quinta da Boa Vista», fierté brésilienne : deux siècles d'existence assortie de mille et une collections d'une inestimable valeur, n'est plus, ravagé, depuis dimanche soir, par un gigantesque incendie qui l'a consumé irrémédiablement. «Les pompiers sont arrivés rapidement sur les lieux, mais lorsqu'ils ont voulu actionner les bouches à incendie, l'eau ne sortait pas», témoignait Pedro Correa do Lago, directeur de la Bibliothèque nationale (source : Le Point). Ancienne résidence royale, située dans le quartier (impérial) de São Cristovão, au nord de Rio de Janeiro, le muséum – fondé par le roi Dom João VI en 1818 – recèle quelque 20 millions d'objets formant des trésors de paléontologie (et autres collections zoologique, botanique, anthropologique, archéologique), dont Luzia, la «première» femme brésilienne, jeune de quelque 12 000 ans (découverte en 1974) et dont le frêle et tendrissime fossile a été léché par les feux et les flammes. Destruction totale et «dommages irréparables» pour la collection d'œuvres des Indiens d'Amazonie, dont les momies «égyptiennes» d'Amérique latine. Des collections archéologiques comme celles offertes par le roi João et les empereurs Pedro I et II sont perdues… Ce sont ainsi des pans entiers de la mémoire d'un pays, d'un continent ( de l'humanité) qui disparaissent à jamais. Seuls 10% des objets (céramique, spécimens vertébrés…) ont résisté au brasier. Indestructible, Bendego, 5,3 tonnes, habituée à la chaleur intense, trône au milieu des cendres encore fumantes. La météorite, découverte en 1784 à Bahia, fait ainsi partie des rares survivants à cette «catastrophe» que la presse et l'opinion brésiliennes imputent à la politique d'austérité. «Historia Destruida», titrait hier le Jornal do Brasil, qui met ainsi en joue le gouvernement pour son manque de réactivité.