Une femme habitant seule dans le quartier des 400 Logements (UV 7) de la nouvelle ville Ali Mendjeli, à Constantine, a subi mercredi dernier une «agression» publique à son domicile. Un incident qui dépasse le simple délit puisque les agresseurs ont agi dans l'esprit de la moralisation de la vie publique. Selon le chargé de communication de la sûreté de wilaya de Constantine, Bilel Benkhelifa, ses biens ont été brûlés et la femme a été chassée de force de chez elle par les agresseurs, dont le nombre n'est pas encore déterminé. La police est intervenue après les faits et n'a pour le moment procédé à aucune arrestation, nous dit-on encore. Mercredi dernier, des jeunes pénétrèrent par le balcon dans l'appartement de la victime et ont fait irruption dans le salon. Selon des sources officieuses, les assaillants ont mis le feu à la maison en expulsant par la force la propriétaire. Ces violation de domicile, agression et destruction de biens ont été justifiées par des soupçons de prostitution, ou encore par de supposées visites régulières de «filles de mauvaises mœurs» et la musique qu'elles écouteraient trop fort et qui n'était pas au goût de ses voisins, toujours selon nos sources. Dès lors, ces derniers ont décidé de se faire justice eux-mêmes en «nettoyant» par cette expédition punitive ce qu'ils croient être un lieu de prostitution. Selon notre source, l'intervention de la police n'a pas permis à la victime de regagner son domicile, les voisins s'étant fermement opposés à son retour. Selon le chargé de la communication de la sûreté de la wilaya, il s'agit d'«une affaire d'incendie volontaire enregistrée à la sûreté urbaine 1 Ali Mendjeli. Une investigation a été ouverte et on attend les résultats». La cellule de la communication n'a mentionné aucun autre grief sachant qu'il y a eu violation de domicile et que la victime a été chassée de chez elle par la force, ce qui s'apparente à une agression. Bien que les informations demeurent insuffisantes à ce stade, cette affaire rappelle douloureusement celle d'El Haïcha à Hassi Messaoud, où des filles avaient subi des actes barbares qui ont été aussi justifiées par des soupçons de prostitution. Cette étiquette est devenue l'excuse que brandissent les agresseurs à chaque acte de violence. Comme si la rumeur pouvait leur octroyer tous les droits.