Rappel L?affaire avait défrayé la chronique par sa gravité, mais les peines étaient loin de refléter l?ampleur de l?agression. Le procès des agresseurs d?El-Haïcha, ce bidonville de Hassi Messaoud sorti de l?anonymat par une nuit d?horreur, débute aujourd?hui au tribunal de Biskra. L?affaire sera de nouveau devant la justice à la demande du ministère public qui a fait un pourvoi en cassation, à l?issue du procès qui s?est déroulé à Ouargla le 15 juin 2002 et qui a abouti à un verdict en totale inadéquation avec les faits. Ceux-ci remontent à la nuit du 13 juillet 2001, lorsqu?une horde de 300 (selon les autorités locales) à 400 personnes s?est abattue sur des femmes vivant seules dans le bidonville d?El-Haïcha, à Hassi Messaoud. La barbarie a frappé cette nuit-là, une folie furieuse s?est emparée des habitants des cités mitoyennes qui n?ont pas hésité à opérer une descente et marquer les esprits par des actes d?une rare sauvagerie. Les femmes ont été tirées de leurs taudis, traînées nues, violées et mutilées. Leur seul tort est de vivre seules, après avoir quitté leur ville d?origine pour un emploi dans cette région pétrolière qui s?est finalement révélée plutôt chimérique que généreuse et accueillante comme elles le pensaient. Bien que diplômées pour la plupart, ces femmes n?ont pu accéder à des postes équivalant à leurs aptitudes. Elles ont pu tout juste avoir un emploi de femmes de ménage dans des sociétés étrangères. Mais sur la base d?un prêche incendiaire, elles ont été accusées de prostitution et condamnées à subir des atrocités qu?elles ne pourront jamais oublier. L?agression de Hassi Messaoud restera en effet dans les annales. Une nuit apocalyptique qui a vu 39 femmes échapper de justesse à la mort, mais marquées par le sceau de l?infamie. La justice avait pris en charge cette affaire en convoquant près de 70 personnes soupçonnées d?y avoir pris part. Près d?une année plus tard, 28 prévenus ont été traduits devant le tribunal de Ouargla. La déception était à la mesure de la clémence de la justice : 10 acquittements, une peine de 6 mois de prison ferme, seize accusés ont écopé d?une année d?enfermement alors que deux seulement se sont vu condamner à trois 3 années de prison ferme. Estimant la sentence sans commune mesure avec la gravité des faits, le procureur de la République avait aussitôt entamé une procédure de pourvoi en cassation auprès de la Cour suprême.