Pour faire de cette discipline un moyen de développement et d'épanouissement, toutes les conditions pour une meilleure pratique sportive ont été réunies par les instances concernées et certaines associations sportives d'une part, mais aussi et surtout grâce aux sacrifices consentis par les joueuses elles-mêmes, d'autre part. Ces équipes iront certainement très loin avec une meilleure prise en charge dans la perspective de renforcer davantage l'équipe nationale. C'est une ambition à la mesure des talents que recèle cette pépinière dont les premiers résultats sont fort encourageants aux plans arabe et africain. Nos jeunes footballeuses, et certainement beaucoup d'autres, ignorent certainement l'histoire du football féminin en Algérie. Ce n'est pas une tare mais tout simplement un manque de médiatisation et surtout un manque de considération des instances qui ne se sont point interrogées comment l'idée de créer une équipe féminine de football a germé dans les esprits. Dans ce modeste témoignage, des témoins de l'époque, c'est-à-dire un regard dans le rétroviseur pour nous plonger dans la fin des années 1970, s'efforcent de restituer ce que furent les premiers pas de celles qui ont brisé les tabous en laissant le soin aux historiens d'écrire la véritable histoire de ce sport populaire auparavant exclusivement réservé aux hommes. Dans nos quartiers populaires, des jeunes filles bravaient les interdits et jouaient avec les garçons de leur âge à l'occasion des tournois, comme ce fut le cas à Tiaret et Frenda précisément où justement furent créés les tout premiers noyaux de sections filles afin de mettre en valeur leurs capacités sportives. Cette opération s'est déroulée à la faveur de l'adhésion des jeunes au sein de l'Union nationale de la jeunesse algérienne (UNJA). Des lycéennes de ces deux villes des Hauts-Plateaux que sont Tiaret et Frenda drainaient la foule lors de leurs matches de démonstration. Pour exemple, à l'occasion du 8 mars 1978, une grande rencontre a opposé les filles tiareties dans une rencontre de football, où pas moins de 10 000 spectatrices et spectateurs étaient présents pour assister et témoigner de la présence de la fille algérienne dans un match de football. Les tabous venaient de tomber. Ce match était considéré comme un déclic. Au sein du journal L'Unité, organe de la jeunesse, une équipe de football féminin verra le jour grâce à la mobilisation des travailleurs mais aussi à la participation active des lycéennes du lycée Aïcha d'Hussein Dey. Ces dernières, prédisposées à cette pratique sportive, ont été encouragées à jouer au football. L'équipe de L'Unité, pour sa première sortie « officielle », a donné la réplique à son homologue de la sélection Tiaret-Frenda en mars 1979 dans la capitale des Hauts-Plateaux. Le match retour a eu lieu au stade du 5 Juillet, le 29 décembre 1979. Les journaux El Moudjahid et Echaâb ont publié le compte-rendu de cette première à Alger. L'équipe s'est ensuite produite à Constantine au stade Benabdelmalek face à des Constantinoises nullement impressionnées par les Algéroises qui démontraient de jour en jour une supériorité évidente. D'autres rencontres ont eu lieu également un peu partout en fonction des moyens disponibles pour vulgariser cette discipline. Les jeunes filles ont su et pu concilier les études et le foot. Pratiquement toutes ont réussi au bac et poursuivi des études supérieures, ce qui a permis par ailleurs de motiver davantage les hésitantes à fouler les pelouses. En second lieu, il faut souligner l'apport des parents qui n'ont à aucun moment bloqué leurs filles à la pratique du football. Certains ont même assisté à des matches et vécu des moments d'émotion inoubliables. Sur le plan technique, une amélioration sensible a été observée par rapport à la spontanéité, pour ne pas dire la naïveté du tout début. Certaines joueuses étaient très à l'aise même sur les balles aériennes, les débordements, les retraits... mais manquaient de condition physique due à l'absence d'entraînements. Elles étaient enthousiastes de jouer et avaient beaucoup de cran dans un environnement pas tout à fait acquis à la chose footballistique féminine. Aujourd'hui, les pionnières sont oubliées, une rencontre avec leurs benjamines serait la bienvenue pour leur rendre hommage : Nassira (pharmacienne), Hammama (universitaire), Saliha (diplômée en mathématiques), Lila (commerçante), Djamila de Relizane, Fatima de Frenda... et beaucoup d'autres qui se sont distinguées de fort belle manière, voudraient certainement se revoir le temps d'une rencontre pour la nostalgie et pour l'histoire.