La dernière étape de la visite du ministre de la Jeunesse et des Sports dans la wilaya de Témouchent a été marquée par la mise à nu d'un délictueux us au détriment de la pratique sportive de proximité. En effet, sur ce qui était le stade «Lahmar», des stades de proximité et un boulodrome ont été réalisés sur un des rares terrains nus ayant échappé aux griffes de l'affairisme immobilier. Rehaussant superbement l'urbanisme du quartier, ce sont un «grand» stade de 2400 m2 pour les adultes et deux «petits» de 888 m2 chacun pour les enfants et les adolescents, tous gazonnés en tartan, ainsi qu'un boulodrome en cours d'achèvement sur 8302 m2 avec 24 terrains de pétanque. Dans la présentation faite par le vice-président du conseil communal des sports, notant des compétitions non-stop jusqu'à minuit, la délégation est dans l'émerveillement jusqu'à ce qu'un sportif, usager des lieux, vienne exposer l'envers du décor. Il dénonce l'obligation faite aux équipes sur les deux «petits» stades de débourser 500 DA pour un match aux agents communaux qui en ont la garde : «Dans quelles poches va cet argent collecté, s'agissant de salariés communaux qui le collectent. Nous demandons une enquête de la part du wali comme nous en demandons une autre sur l'incendie du stade de proximité du quartier Les Castors». Mohamed Hattab tente d'apaiser l'emportement de son interlocuteur, l'assurant que sa demande a été entendue par les autorités locales présentes à ses côtés et que l'usage des stades de proximité réalisés sur fonds publics est gratuit. Sauf qu'un autre individu réagit aux propos du ministre pour revendiquer haut et fort son droit à être rétribué par les équipes qui pénètrent le «grand» stade. Il affirme être en droit de percevoir 700 DA par match parce que lui, contrairement aux deux autres individus en charge des «petits» stades, n'est pas un employé de la commune. Il s'est autoproclamé gérant du stade de 2400 m2 non gardé par un agent communal, lui qui est «au chômage et père de deux enfants» et qui ne demande qu'à devenir salarié de la commune. Le ministre ferme les yeux sur le fait que la municipalité laisse à un particulier le soin de gérer une structure sportive. Dans le fatras des propos contradictoires, il ressort que les équipes qui jouent de jour ne débourseraient rien, à l'exclusion de celles qui se présentent après la tombée du jour. Interpelé par El Watan sur cette privatisation de biens publics tant par un individu que par des agents de l'Etat, une privatisation qui est loin d'être un cas isolé à travers le pays, le ministre reconnaît qu'il y a «effectivement quelques cas signalés. Cette pratique doit être annihilée définitivement». Relancé sur la question de savoir de quelle façon, il promet la publication d'un texte réglementaire. Pour le reste, la visite ministérielle a consisté à mettre en exergue la consistance de l'effort de l'Etat en matière d'investissements au profit du secteur de la jeunesse et des sports, soit 5,273 milliards de dinars à Témouchent depuis l'avènement du président Bouteflika. Entamée à El Amria, la tournée a ciblé l'inauguration d'un camp de jeunes de 350 lits et d'une auberge de jeunes de 50 lits. Fait notable, la première structure a vu son chantier traîner depuis août 2012. A Terga, il a été fait le tour du chantier d'un complexe sportif de proximité qui doit être livré le mois prochain. Dans les couloirs et les salles d'à peine 20 m2, les sorties de lampes sont curieusement à 1m les unes des autres, ce qui pose la question du sérieux du suivi des travaux par le maître de l'ouvrage. La même remarque de vice de réalisation est observée à Hammam Bou Hadjar sur une auberge de jeunes de 50 lits, qui doit être livrée, elle aussi, en novembre. Le ministre s'est juste formalisé que le responsable du bureau d'études ait été incapable de lui dire de tête les quatre nombres qui figurent sur la fiche technique du projet, une fiche qui indique un taux de réalisation de 100%, alors que les travaux de peinture ne sont pas encore entamés! Au final, l'hôte de la wilaya s'est refusé à tout esclandre, alors que les occasions de faire état de son courroux n'ont pas manqué, une attitude qui pourrait s'expliquer par le dessein, à un trimestre de la présidentielle, de ne pas ternir le bilan des réalisations présidentielles.