Oued El Hamiz, un cours d'eau hautement pollué, présente tous les signes avant-coureurs d'un désastre écologique. Devenu un réceptacle de toutes sortes de déchets, l'eau de l'oued, opaque, est impure, elle finit son cheminement naturel dans une plage de la commune de Bordj El Bahri. Avant d'arriver à cette grève du littoral, les eaux polluées du cours d'eau traversent plusieurs localités à forte densité démographique. Le risque que les habitants, qui ont élu domicile sur ses rives, se fassent contaminer est plus qu'avéré, car l'oued présente des similitudes frappantes avec l'oued Beni Azza, dans la wilaya de Blida, d'autant plus qu'il est plus pollué dans certaines de ses fractions. Les citoyens dont les habitations ont été érigées sur les berges de oued El Hamiz, particulièrement dans la localité de Douar Ben Ziane, dans la commune de Bordj El Kiffan, s'interrogent sur la possibilité d'une contamination de l'oued par le choléra, «qui dit que l'oued n'est pas contaminé ? Va-t-on connaître le même épisode que celui de oued Beni Azza ?» s'interrogent-ils. Les conditions dans lesquelles vivent ces habitants sont lamentables. En plus des odeurs nauséabondes qui émanent de l'oued, les habitations sont littéralement assiégées par les insectes nuisibles. Aux abords d'un pont, des commerçants jettent leurs déchets sur les rives. Le soir venu, ils les brûlent, créant des colonnes de fumée qui, balayées par le vent, pénètrent dans les maisons et incommodent les habitants, qui doivent fermer fenêtres et volets. Signalons qu'en plus de la pollution de l'oued, qui a altéré le cadre de vie des habitants dont les maisons ont été construites sur ses rives, se pose également le problème de l'irrigation des terres agricoles par les eaux de l'oued. A partir du lieudit Douar Ben Ziane, jusqu'à proximité de Rouiba, le cours d'eau traverse des milliers d'hectares de terres agricoles. D'après des habitants du douar, «des agriculteurs irriguent leurs parcelles de terre en puisant des eaux de l'oued. Tout au long des deux rives, il n'est pas rare de rencontrer des motopompes, dont les tuyaux aspirent les eaux usées pour les déverser sur les récoltes. Néanmoins, ces agriculteurs sans scrupules parviennent à enlever ces pompes à la vue du premier intrus», confie un habitant du douar Ben Ziane, qui lance un appel aux autorités compétentes. «Faut-il que nous attrapions le choléra pour que les pouvoirs publics interviennent. Depuis des années, nous demandons à ce que cet oued soit nettoyé, mais en vain. Nous continuons à vivre dans l'insalubrité et la pollution. Il y a quelques années, des travaux de curage ont été lancés, mais ils n'ont concerné qu'une infime partie de l'oued. Nous demandons la reprise de ce genre de travaux, afin de préserver notre santé et celle de nos enfants», conclut-il.