C'est de nouveau l'été. Période habituelle de grosses chaleurs à faire saigner un âne du nez, de douche à l'eau de mer non dessalée et de conjonctivites en masse. Si la population transpire déjà et se frotte les yeux des deux mains pour ne pas y croire, les dirigeants ont enfilé pour leur part d'épaisses lunettes noires pour ne pas voir le soleil se lever sur leur pays. Ahmed Ouyahia a repassé son éternelle chemisette bleue de saison et dans les villes, un bruit de fond couvre déjà les habituels questionnements de juillet (comment entrer à Moretti ? Qui a un cabanon à Tichy ?) ; ce sont les climatiseurs qui se sont mis en marche, inquiétant la Sonelgaz d'éventuelles coupures de courant, d'autant que le GSPC vient de dévoiler sa stratégie énergétique pour l'été. Au chapitre pénal, si la justice se prépare à partir en vacances loin des coups de téléphone nocturnes, Benchicou et Ghoul s'apprêtent, eux, à passer l'été à l'ombre des prisons et les députés sur l'autoroute du Club des Pins. Le reste, c'est-à-dire la classe politique, est déjà en short pour un repos pas très mérité, laissant le cercle médiatique peaufiner ses feuilletons d'été, avec probablement Zerhouni dans le rôle de l'antihéros et Bouteflika dans celui de Darkvador. Tout ça en attendant la rentrée qui sera chaude comme toutes les rentrées depuis une vingtaine d'années ; la météo nationale prévoit encore des mouvements sociaux et les jeunes qui n'ont pas eu le bac ce mois-ci se retrouveront en septembre à vendre de la mauvaise drogue aux abords des lycées, ou simplement à emprunter les maquis en attendant une nouvelle amnistie, cette fois suivie de promesses d'embauches selon les dernières sources. L'été ressemblera donc à l'été 2003, à la seule différence que l'Algérie et les Algériens auront un an de plus. Pourquoi ça ne se voit pas ? C'est un mystère