Face à la stagnation des chantiers de réalisation des logements publics (ex-LSP et LPA) et aux abus administratifs et de procédures, retards de livraisons et non-remise de contrats de vente sur plan (VSP), ainsi que la récurrence des mouvements de protestation des demandeurs de logements, une réunion d'évaluation consacrée au secteur de l'habitat s'est tenue lundi au siège de la wilaya. Un conclave présidé par le chef de l'exécutif, avec la présence du directeur du logement et des représentants de l'OPGI et de l'Agence foncière, mais en l'absence de la quasi- totalité des promoteurs en charge des programmes ex-LSP et LPA, bien qu'ils aient été destinataires de convocations officielles. Selon le directeur du logement, les programmes en souffrance sont ceux des logements participatifs (LSP) inscrits en 2004 et des logements aidés (LPA 1) de 2011. Dans son intervention, ce responsable a indiqué que 732 logements LSP sur les 12 409 lancés en 2004 n'ont toujours pas été achevés, soit depuis presque 15 ans ! Pour le LPA 1, 521 logements confiés à des promoteurs privés sont à l'arrêt et 500 autres inscrits à l'indicatif de l'OPGI n'ont pas encore été achevés. Dans son exposé, le directeur du logement a précisé que 10 promoteurs privés n'ont pas respecté leurs engagements, certains ayant même encaissé illégalement des avances importantes sans même entamer le gros œuvre. En quinze ans, des taux d'avancement physique oscillant entre 5 et 80% ont été constatés au niveau d'une dizaine de chantiers LSP situés au chef-lieu de la wilaya, à Sfisef, Amarna, Tabia et Sidi Hamadouche. Exceptionnellement, lors de cette rencontre, plusieurs aspects liés à la sphère de la promotion immobilière et à des pratiques délictuelles ont été publiquement débattus. Il a été ainsi question des menaces de résiliation de contrats brandies par des promoteurs indélicats, d'absence de listes définitives des bénéficiaires validées par les pouvoirs publics, d'apports personnels versés en sous table et de pratiques d'escroquerie consistant à vendre un logement à plusieurs acquéreurs. Des cas concrets et nominatifs de promoteurs hors-la-loi ont été même rendus publics. «Nous encourageons les souscripteurs à se constituer en collectif de revendication et à se rapprocher de la direction du logement pour signaler tout manquement à la réglementation», a rappelé, à ce propos, le chef de l'exécutif, tout en s'engageant à publier dans les médias les noms des promoteurs «blaklistés». Pour le directeur du logement, la loi est claire en matière de versement d'avances et d'établissement de VSP, soulignant que de nombreux acquéreurs se sont constitués en association et ont saisi la justice. Selon lui, le dossier du LSP et du LPA sera au menu d'une autre rencontre, prévue cette semaine à Sidi Bel Abbès, en présence de représentants du ministère de l'Habitat. Pour de nombreux souscripteurs, ruinés financièrement et au bord du désespoir, seule une action vigoureuse et coercitive des pouvoirs publics est en mesure de les extirper du calvaire qu'ils endurent depuis plus d'une décennie au cours de laquelle des moyens financiers colossaux ont été consentis par l'Etat pour juguler le problème du logement.