La présence de plus en plus accrue de Sonatrach dans le football, à travers une prise de participation dans le capital des sociétés sportives par actions (SSPA), le sponsoring et toutes autres formes d'aides financières, fait désordre. La plus grande entreprise du pays délie les cordons de la bourse au gré des instructions, directives et ordres émanant des centres de décision obnubilés par l'échéance 2019. Dans le monde du football, le malaise s'étend au fur et à mesure des annonces de signatures de contrats juteux au profit de sociétés sportives par actions depuis longtemps plombées par la faillite. Ce n'est pas l'implication de Sonatrach dans le football qui pose problème, mais sa forme. Elle est menée au pas de charge et ceux qui sont chargés de cette mission semblent totalement ignorer les menaces qu'ils font peser sur le football algérien. La présence dans le football d'une grande entité économique comme Sonatrach est codifiée par la FIFA justement pour éviter les conflits d'intérêts et la préservation de l'intégrité d'une rencontre ou d'une compétition. Les dirigeants de Sonatrach et de la Fédération algérienne de football (FAF) ont-ils, une fois, parcouru l'article 20 des statuts de la FIFA ou l'article 17 des statuts de la FAF ? Sans doute pas. Et pourtant, il est important et explicite l'article 20 alinéa 2 des statuts de la FIFA, qui précise: «Chaque association membre doit s'assurer statutairement que les clubs qui lui sont affiliés sont aptes à prendre toutes les décisions qu'implique leur affiliation à sa structure indépendamment de tout organe externe. Cette obligation est valable quelle que soit la forme juridique du club affilié. En outre, l'association membre doit s'assurer qu'aucune personne physique ou morale (holding et filiales comprises) ne contrôle de quelque manière que ce soit (en particulier par le biais d'une participation majoritaire, d'une majorité des droits de vote, d'une majorité des sièges au conseil d'administration ou de quelque autre forme de dépendance économique ou autre) plus d'un club lorsque cela risque de porter atteinte à l'intégrité d'un match ou d'une compétition». Cet article est transgressé par Sonatrach sans que la fédération souffle mot. Elle risque gros si d'aventure la FIFA le découvrait. L'article 14 des statuts de la FIFA (obligations des associations), précise «1-Les associations ont les obligations suivantes : a) observer en tout temps les statuts, règlements, directives et décisions des organes de la FIFA, ainsi que celles du Tribunal arbitral du sport (TAS)… b) La violation de ses obligations par une association membre entraîne des sanctions prévues par les présents statuts» qui peuvent aller jusqu'à la suspension et l'exclusion des compétitions organisées sous l'égide de la FIFA. La Fédération doit se pencher sérieusement sur ce dossier. La présence de Sonatrach dans le football via ses prises de part au sein de sociétés sportives représente un danger réel pour l'intégrité de la compétition, comme le souligne si bien l'article 20 des statuts de la FIFA. Faute, peut-être, d'avoir été alertée sur les dangers que sa présence dans le football fait peser sur ce dernier, Sonatrach peut conduire le football algérien dans l'impasse. Pour cela, il suffit que des lanceurs d'alertes fassent parvenir l'information à la FIFA pour que celle-ci enclenche le processus de vérifications qui ensuite débouchera sur l'application de l'article 14.