Pauvre football algérien. Ses acteurs se livrent en spectacle et ternissent par là même son image. Comment est-ce possible que des choses aussi graves se produisent au grand jour, à ciel ouvert, sans qu'une autorité mette le holà à cette situation dommageable à plus d'un point. Le ministère de la Jeunesse et des Sports (MJS), la Fédération algérienne de football (FAF), la commission électorale et les membres de l'assemblée générale se partagent la responsabilité de ce qui arrive. La tutelle parce qu'elle n'a pas exercé les prérogatives que lui confère la loi. Elle a fermé les yeux sur beaucoup de dépassements commis par des fédérations, ligues et clubs. Elle a même couvert des transgressions de textes et règlements. Elle n'a pas tenu son rôle. L'épisode d'hier, publication et ensuite retrait du communiqué de la commission électorale, renseigne parfaitement sur son impuissance à faire respecter la loi. La fédération, elle aussi, porte une lourde responsabilité dans ce qui arrive. Le retrait de Mohamed Raouraoua a ouvert la voie au chaos (organisé ?). Pourtant, elle renvoyait l'image d'une institution qui survivrait aux hommes. La réalité est tout autre. La course à la succession de l'ex-président a fait exploser la fédération. L'héritage n'est pas celui escompté, ni prévu. Si aujourd'hui, la commission électorale peine à bien organiser l'échéance électorale prévue le 20 mars et ensuite renvoyée au 27 avril 2017, c'est en partie par la faute de la fédération et les multiples incohérences contenues dans les textes. La commission électorale, présidée par Ali Baameur, rue dans les brancards, refuse qui quiconque lui dicte ce qu'elle doit faire. Elle met en avant la légalité et le pouvoir que lui confère le code électoral. Justement, fait-elle bon usage du texte fondamental qui lui sert d'outil pour organiser l'assemblée générale élective ? La constitution de la commission électorale et de candidatures n'est pas conforme ni au code électoral de la FAF ni à celui de la FIFA que la fédération est strictement tenue de respecter. La constitution des deux commissions n'est pas conforme au code électoral. A partir de là, son existence, ses décisions ne sont pas légales. Le bureau fédéral a fixé la date de l'assemblée générale élective (20 mars) que les membres de l'assemblée générale ont validée. Les membres des deux commissions sont aussi membres de l'assemblée générale. Tous ont validé la date proposée par le bureau fédéral en sachant que ce n'était pas conforme à ce que prévoient les statuts de la FAF. Donc, il y a eu violation des statuts par toute la composante de l'assemblée générale, y compris les membres des commissions de candidatures et de recours. L'article 15.1 des statuts de la FAF précise qu'«un membre de la FAF peut être exclu de sa qualité de membre de la FAF pour notamment : a) violations graves des statuts, des règlements, des directives ou des décisions de la FIFA, de la CAF et de la FAF». L'élection de la commission est non-conforme au code électoral. Toutes ses décisions sont nulles et non avenues. Les statuts de la FAF précisent que «les élections auront lieu 60 jours après la date de la tenue de l'assemblée générale ordinaire de fin de mandat». La commission électorale n'a pas respecté ce délai alors qu'elle est tenue de le faire sous peine de tomber sous les sanctions prévues par l'article 26 des statuts de la FAF. Entre le 27 février et le 27 avril, il y a moins de 60 jours. Les décisions émanant d'une commission illégalement constituée sont illégitimes. Le recours au Tribunal arbitral du sport (TAS) s'impose de lui-même. Il permettra le juste retour à la légalité bafouée par tous les membres de l'assemblée générale de la FAF. Si recours au TAS il y a, ce dernier se fera un devoir de prononcer l'illégalité de la commission électorale dans la forme où elle a été constituée, établira la preuve des infractions et transgressions commises par le bureau fédéral et redonnera la parole à l'assemblée générale qui a cautionné tous les dépassements. Pour toutes ces raisons et dans l'intérêt du football, messieurs les membres de l'assemblée générale, responsables de la fédération et du football algérien, sans oublier ceux du ministère de la Jeunesse et des Sports, le moment est propice pour leur dire : «Partez, partez tous ! Partez maintenant !»