Une rencontre portant l'intitulé générique «Le mouvement associatif et le développement local dans la wilaya d'Oran» a été organisée mercredi après-midi au Crasc. Cette initiative est parmi les rares à regrouper les décideurs, la société civile et l'institution universitaire chargée de produire des réflexions, des analyses et des travaux académiques sur des questions diverses. Le mouvement associatif, sa nature et ses objectifs est l'une des thématiques maintes fois prises en charge par cette institution universitaire spécialisée dans la recherche. Justement, les débats qui ont eu lieu ont été sur la base de la présentation des résultats partiels d'une enquête sociologique menée entre août et décembre 2017 et ayant concerné un échantillon de 264 associations sélectionnées en dehors des chefs-lieux de 10 communes éparses couvrant les quatre régions du pays (Est, Centre, Ouest et Sud). L'enquête menée par quatre chercheurs, dont Djillali El Mestari, directeur du Crasc présent à la rencontre, a été commandée par le ministère de l'Intérieur en collaboration avec le PNUD et l'Union européenne et tient compte de certains paramètres liés aux concepts de renforcement des capacités d'acteurs de développement local, de démocratie participative, etc. Les conclusions ne sont pas encourageantes, mais ce n'est que sur cette base que des réflexions peuvent être menées afin de trouver des solutions adéquates aux problèmes soulevés. Pour Fouad Nouar qui a présenté l'étude, «une des premières conclusions est que le tissu associatif n'est pas homogène», ce qui a nécessité un classement en quatre catégories. En effet, dans 60% des cas «les organisations prises en compte se caractérisent par des bilans vides, des objectifs flous et n'activent que rarement en fonction des conjonctures», constate F. Nouar qui évoque également les effets néfastes du clientélisme et surtout, en conclusion, la carence flagrante en esprit de volontariat, du don de soi qui doit caractériser en premier lieu le mouvement associatif. Distributeurs de couffins de Ramadhan Il estime à 20% celles qui présentent un meilleur visage mais qui restent cantonnées dans la distribution du couffin de Ramadhan, des effets liés à la rentrée scolaire ou aux aides apportées aux citoyens démunis lors des intempéries hivernales. Celles qui répondent réellement aux critères de démocratie participative et d'acteurs de développement sont minoritaires. Les intervenants, à commencer par les officiels, ont estimé dans leur majorité que ces résultats ne s'appliquaient pas à la situation qui prévaut dans une wilaya comme Oran. A commencer par le wali qui a mis en avant le dynamisme du mouvement associatif d'Oran tout en exprimant sa volonté de «travailler avec toutes les organisations quelles que soient leurs orientations ou leurs catégories». Par «orientations», on peut comprendre penchants idéologiques ou appartenances partisanes, mais c'est le propre d'une société d'être traversée par divers courants de pensées et donc d'avoir des visions stratégiques différentes, mais l'essentiel pour le chef de l'exécutif local est «l'exécution du programme de développement du président de la République». Pour lui, le rôle de l'université reste aussi important, car elle permet d'élaborer des projections sur lesquelles peuvent se baser les décideurs, en fonction des moyens dont ils disposent. «Nous sommes comme une équipe et la réussite de tous dépend des efforts que chacun doit y mettre.» Le président de l'APW d'Oran, Mohamed Boubeker, a notamment défendu le bilan environnemental et énuméré les efforts qui restent à faire à la lumière des décisions prises parfois à court terme, autant à Oran qu'à l'échelle du pays. La rencontre du Crasc clôt une série de quatre regroupements similaires tournant autour du développement local et initié par le CRDE (Conseil dans la recherche et le développement économique). Le premier avec les représentants des directions de l'exécutif, le second avec les opérateurs économiques et le troisième avec les jeunes porteurs de projet (start-up). Pour Djamel Alamia, représentant ce Conseil, une feuille de route sera présentée en décembre et aura pour objectif d'accompagner dans leurs décisions, et dès janvier 2019, les élus des 26 communes.