Le 3e Salon du raisin, qui s'est tenu avant-hier à la Maison de l'environnement de Boumerdès, a mis à nu les difficultés auxquelles se heurte la viticulture. Cette année, l'exposition de raisin est réduite à quelques variétés, les mêmes se répétant de stand en stand. Les produits dérivés du raisin, à une exception près, étaient les grands absents de cette édition. Selon la directrice des services agricoles, la production a chuté cette année pour n'atteindre que les 1,9 million de quintaux. L'année dernière, elle était de 5 millions de quintaux. Une perte qu'elle a estimée à 15%. Les raisons incomberaient, selon elle, «au climat et à l'insuffisance de formation de certains nouveaux agriculteurs qui, pour une question de rentabilité, se sont convertis à cette spécialité». Elle préconise une caravane de sensibilisation pour mieux les encadrer. De plus, elle a demandé à ces techniciens de veiller à être présents dans les bureaux d'hygiène communaux afin de lutter contre l'irrigation avec de l'eau polluée. Mais le président de la Chambre d'agriculture, M. M'Rabet, parle de 35 à 40% de la production perdue à cause du mildiou, cette maladie qui affecte nos vignobles. «L'insuffisance de pesticides a empêché les vignerons de traiter cette nuisance à temps», a-t-il précisé. Ce ne serait pas la seule raison, les mauvaises conditions climatiques sont également pointées du doigt. Mais il réfute la thèse du manque de formation des viticulteurs: «Les vignerons ont assez d'expérience pour compenser le manque de formation», oppose-t-il à la directrice du secteur. Quant aux experts de l'Institut national, «le problème du climat n'est pas insurmontable. Il suffit de s'y adapter en optant pour des espèces autochtones -contrairement au raisin Victoria, par exemple-, plus résistantes aux intempéries et aux maladies». Ce 2e Salon du raisin a donc révélé des divergences dans les appréciations entre des partenaires d'un même secteur. Il serait temps que les violons soient accordés pour une juste appréhension des problèmes et une définition appropriée des stratégies pour développer cette filière capable d'être une source de devises en cas d'exportation qui, à l'heure actuelle, n'est pas encore à l'ordre du jour. Pourtant les potentialités existent, surtout à Boumerdès, avec ses 40% de la production nationale. Par ailleurs, cette manifestation gagnerait à être organisée au niveau de la région viticole par excellence, en l'occurrence Sidi Daoud, où elle avait vu le jour la toute première fois.