Il y a de quoi rester perplexe devant les déclarations tenues hier par le Premier ministre, Ahmed Ouyahia, sur le phénomène de harraga ! Il se demande pourquoi les jeunes Algériens prennent le risque de périr en mer pour rejoindre l'autre rive de la Méditerranée. Sait-il qu'au niveau de la responsabilité qui est la sienne, on ne se pose pas de questions, mais l'on doit plutôt, de manière urgente, trouver les réponses à un problème qui frappe la jeunesse de plein fouet. Il est étonnant tout de même d'entendre Ahmed Ouyahia dire que « le problème se pose en termes de donner à cette jeunesse une flamme d'espoir pour croire en son pays ». Bien trouvé, Monsieur le Premier ministre ! C'est exactement d'espoir dont ont besoin les jeunes Algériens. Cet espoir-là, ils l'ont totalement perdu. Les raisons, tout le monde les connaît, même si notre Premier ministre feint de les ignorer. Le chômage, le mal vivre, la crise du logement et aussi l'étouffement des libertés. Il n'y a pas que la misère qui pousse les gens à partir, ce sont autant de maux qui désespèrent, absolument. M. Ouyahia voudrait cependant faire reposer la responsabilité de cette situation tant sur l'Etat que sur la société. Pour lui, cette dernière – l'on ne voit pas de quelle manière d'ailleurs – a une part de responsabilité dans ce qui se passe. L'on sait tout l'art du patron du RND de diluer les vrais problèmes du pays et les détours qu'il s'autorise pour éluder des questions de fond en disant par exemple qu'« aujourd'hui il ne s'agit pas de dire qui a raison ou qui a tort » – s'agissant du sentiment du désespoir – mais de là à traiter avec autant de légèreté un phénomène qui montre toute l'étendue du mal algérien, c'est une véritable fuite en avant. En somme, dans les déclarations du Premier ministre, deux choses pourraient désespérément inciter à partir. D'abord le fait qu'au niveau du Premier ministère, l'on ne connaisse pas encore les raisons de la détresse de la jeunesse, ensuite les solutions qu'il propose aux jeunes Algériens. Ahmed Ouyahia dit que « même s'il y a le chômage, il n'y a pas de pénuries pour gagner sa croûte en Algérie ». Il ne propose ni plus ni moins que la précarité à une jeunesse qui a surtout besoin d'être rassurée quant à son avenir.