Pas question de rater le copieux repas de bénédiction en ce 13 janvier. Cet instant qui laisse filtrer la lueur de Yennayer. Pour les Oranais, ce passage au nouvel an berbère 2955 est d'abord l'occasion de prendre en famille un bon repas copieux. Les aliments servis vont symboliser « la richesse, la fertilité et l'abondance. » Il est ainsi de cherchem (bouillie de blé, pois-chiches et fèves). Le bon présage de Yennayer fait aussi que les différents souks s'animent et voient les commerçants proposer des produits prisés, tels que les dattes, les amandes, les noix, les figues sèches et autres fruits exotiques. Cette fièvre liée à cette fête ancestrale est fortement marquée, cette année, par la profusion de produits « importés » du Maroc alors que, d'habitude, les produits locaux s'imposent aisément sur les étals. Une fièvre qui a aussi fait grimper le prix du poulet très prisé dans la préparation des plats traditionnels. Au bouillon qui doit comporter des légumes secs, on évite des produits épicés ou amers qui « pourraient s'avérer d'un mauvais présage pour le reste de l'année. » Certains s'abstiennent même de manger des aliments épicés ou amers par peur de présager une année du même goût. L'avènement de Yennayer remonte à l'an 951 avant Jésus-Christ et fut institué par l'empereur romain Jules César. Depuis, sa célébration symbolise le premier jour du calendrier agraire en usage depuis l'Antiquité en Algérie. Pour le monde paysan, Yennayer est aussi le premier jour de la dernière décade des fameuses « lyali », période la plus froide de l'année. La coutume veut que l'occasion soit estampillée d'un cachet particulier « en priant les forces divines de fertiliser la terre, source de profusion et de prospérité. » Un rite qui fait croire à « l'expulsion des forces maléfiques (asfel). » C'est une supplique qu'on adresse aux forces de la nature, leur demandant « d'être généreuses avec les agriculteurs pour que le nouvel an soit abondant en récoltes et en richesses. » Ainsi, pour que la nouvelle année entamée soit plus fructifiante et la terre plus fertile, il convient de « purifier les lieux pour faire place aux esprits bénéfiques. »