Le spectre d'une campagne agricole sinistrée plane avec persistance sur la wilaya de Annaba. Et, c'est à une véritable catastrophe que s'attendent les agriculteurs, toutes spéculations et filières confondues. Les dernières pluies, qui se sont abattues ces derniers jours sur la région, ont entraîné l'inondation de plusieurs exploitations agricoles, notamment dans les communes d'El Hadjar, Echorfa, Aïn Berda et El Eulma. Les filières les plus touchées sont les céréales et les légumes. Deux filières pour lesquelles, les travailleurs de la terre avaient déployé d'importants moyens techniques et financiers à l'effet d'améliorer les rendements. Le fort taux d'humidité de 75 à 80 % a engendré un développement accrue et rapide de divers champignons et maladies, notamment pour les filières des céréales, pomme de terre et tomate industrielle. La forte pluviométrie, enregistrée ces derniers jours, ayant atteint un pic de 42 mm, et la stagnation des eaux, provoquée par le mauvais assainissement des réseaux primaires ont suffi pour réduire à néant tous les efforts consentis par les agriculteurs durant la campagne labours/semailles. « Avec une bonne pluviométrie et des conditions climatiques favorables, l'on augurait une très bonne campagne. Malheureusement, les pluies qui se sont abattues sur la région, avec un taux de 42 mm, ont provoqué une série de phénomènes dont la stagnation des eaux due à la l'obstruction de Oued Méboudja et des digues de Oued Bouatout. C'est, surtout, la zone de Kheraza dans la commune d'El Bouni qui demeure la plus touchée puisque toutes les cultures légumières des exploitations de la ferme-pilote ont été carrément endommagées », a indiqué Ramdane Harzallah, président de la Chambre d'agriculture de Annaba. Pour lui, cette situation va se traduire par des difficultés en termes de ressuyage des parcelles inondées et, surtout, par l'apparition de maladies cryptogamiques (rouille brune, septoriose et helminthosporiose) pour les céréales et cultures légumières (pommes de terre et tomate industrielle). Concernant les céréales, estime notre interlocuteur, les conditions extrêmes d'humidité vont incontestablement entraîner l'infestation des feuilles de céréales par les champignons qui va, à son tour, générer une importante réduction de l'activité photosynthétique. D'où l'apparition de diverses formes d'échaudage des épis pouvant atteindre les 60%. Selon la même source, les 18 000 ha affectés à cette filière vont donner un blé de très mauvaise qualité, sans compter le rendement à l'hectare qui va inévitablement connaître une baisse sensible. Aussi, plusieurs agriculteurs présagent, déjà, un rendement qui ne dépassera pas les 14 quintaux, alors que durant la précédente campagne, il était de l'ordre de 30. La situation n'est pas moins catastrophique pour la filière tomate industrielle. En effet, les mêmes conditions climatiques lui ont été désastreuses, quand on sait que la quasi-totalité des pépinières en exploitation dans la commune d'El Eulma ont été totalement détruites par les fortes averses. Face à l'ampleur des dégâts, les agriculteurs préconisent, par le biais de leurs représentants, l'ouverture de registres de déclaration de dégâts au niveau des APC touchées, dont l'objet est de déterminer le pourcentage des pertes. Une procédure préalable à la déclaration officielle, au titre de wilaya sinistrée, auprès des institutions de l'Etat, et qui devrait permettre à la profession d'engager les démarches nécessaires aux indemnisations.