À l'instar de la majorité des wilayas du pays, la campagne agricole de cette année, à Annaba, a subi un coup des plus sérieux en raison de la forte pluviosité qui a sévi hors saison, durant les mois de mars et d'avril derniers. Les pluies diluviennes de l'ordre de 218 mm en 10 jours durant le mois de mars dernier sur la wilaya ont eu raison des récoltes et provoqué “une véritable catastrophe”. Les pertes sont considérables, occasionnées d'abord par les pluies, puis par les maladies. Et si nous n'avons pu obtenir des chiffres en l'absence de statistiques au niveau des services concernés, on peut toutefois avancer que les agriculteurs que nous avons rencontrés à la Chambre de l'agriculture considèrent la wilaya comme une “zone sinistrée”. La situation est d'autant plus grave que ces derniers ne peuvent prétendre, selon leurs déclarations, à aucune indemnisation de l'Etat, un fait qui est loin de les encourager à réinvestir dans ce secteur. Dans ce contexte, et face à l'ampleur des dégâts, le président de la Chambre d'agriculture, dans un rapport daté du 16 mai dernier, a demandé au directeur de la RDPA (direction de la régulation et du développement de la production) d'Alger de prendre une série de mesures de soutien en faveur des agriculteurs. Il s'agit, entre autres, pour la production de céréales qui a été détruite à 60%, de “revoir à la baisse le seuil de rendement exigé des agriculteurs, pour prétendre à l'aide de FNRPA et du FNDIA”. Pour la tomate industrielle, qui a subi trois repiquages de plants consécutifs et pour laquelle on craint une forte réduction des surfaces due au manque de plants de remplacement, il y a “la mise en place d'un mécanisme de rééchelonnement de la dette à court terme”, contractée par les agriculteurs dans le cadre du crédit vert auprès de la CNMA-Banque, au titre de la campagne en cours. En plus de cela, il est demandé aux communes d'ouvrir à leur niveau “des registres de déclaration des dégâts afin de déterminer le pourcentage des pertes à l'effet de procéder éventuellement à la déclaration du sinistre de la commune, voire de la wilaya”. Une procédure qui permettra à la profession “d'engager des dossiers pour une probable indemnisation des agriculteurs”. Le désarroi des intéressés est d'autant plus grand que les assureurs ont, de tout temps, refusé de couvrir les parcelles agricoles de la wilaya, (sauf contre la grêle et les incendies) considérée, à raison, comme une zone à haut risque d'inondation. À noter que le phénomène à l'origine de la stagnation des eaux dans les parcelles, selon les termes du rapport, est dû “aux ouvrages d'assainissement non curés, et qui sont les canaux principaux relevant des travaux publics”. Hafiza M.