Si l'Opéra ne veut pas se déplacer en banlieue, ce sont les habitants de la banlieue qui viendront à l'Opéra. Ainsi en a décidé Fadéla Amara. La secrétaire d'Etat à la Politique de la ville a accepté de parrainer l'« Opéra des cités », un projet culturel global en collaboration avec la Fondation France Télévision et l'Institut français de l'intelligence économique. Le projet en lui-même est une fresque musicale cosmopolite retraçant l'histoire de l'immigration sur trois générations à travers le parcours d'une petite fille qui se prénomme Fadéla (aucun lien avec la secrétaire d'Etat), arrivée en France à l'âge de 5 ans. L'idée part du principe que dans la grande histoire de l'humanité, il y a celle des hommes partis en exil d'une façon forcée, mais il y a aussi le rêve de la petite Fadéla qui peut ressembler à l'utopie de Gandhi, de Martin Luther King, d'Angela Davis ou encore de l'ancestrale Kahina, reine berbère. Dirigé par Djura, chanteuse, écrivaine et fondatrice du premier groupe féminin de chant berbère Djurdjura, l'Opéra des cités célèbre la mixité, la fraternité et la France de la diversité. Entre tradition et modernité, danses traditionnelle et contemporaine, villages et cités urbaines, l'Opéra des Cités devrait se développer sur trois années (de 2008 à 2010) avec comme objectif trois axes de création : la mise en place d'événements artistiques en direction des jeunes des banlieues, centrés sur l'art de l'Opéra. Ces derniers (événements) porteront notamment sur le chant, la maîtrise de la voix, le théâtre, la danse et l'écriture, l'ouverture d'ateliers pédagogiques et enfin la production de films documentaires ainsi qu'une série de portraits de certains acteurs qui font vivre les banlieues françaises et l'agitent culturellement. L'Opéra des cités ne sera pas cantonné seulement à Paris et sa banlieue, mais concernera toutes les grandes villes de l'Hexagone, telles que Marseille, Lyon, Toulouse ou Lille. Partout, les jeunes talents sélectionnés se produiront et montreront au grand public ce qu'ils ont appris et acquis sur les plans artistique et musical. Ce sont les chansons de Djura qui feront office de trame musicale de cet opéra. Elles seront interprétées par plusieurs dizaines de jeunes sélectionnés dans toute la France. Les costumes seront réalisés par un jeune styliste et créateur algérien, Farid Belkadi, qui a déjà habillé de nombreux acteurs et chanteurs et travaillé pour les cinémas français et algérien. Le travail de sélection de talents et de casting a déjà commencé à Paris. Il devrait s'étendre, au fur et à mesure, à d'autres villes françaises. Tous les jeunes des banlieues sont invités à se présenter et à exhiber leurs talents pour faire partie de ce projet transversal et multiculturel. Des concerts régionaux seront donnés au fur et à mesure que le travail avance. Il sera ponctué par une représentation nationale à l'Opéra Bastille à Paris, en présence probablement de la secrétaire d'Etat à la Politique de la ville. Par ailleurs, un site artistique, qui va catalyser les pratiques expérimentées tout au long du parcours de l'Opéra des cités, va être créé en Bourgogne. Il servira de lieu de résidence et d'échanges multiculturels et mettra en valeur la solidarité, le respect et la tolérance.