Mécontentement, scepticisme, railleries ont accueilli la présentation, vendredi matin, par le président Sarkozy, du Plan banlieues alors que la secrétaire d'Etat à la Politique de la Ville, Fadéla Amara, a indiqué qu'« en fin d'année, on pourra commencer à voir les premiers effets de cette nouvelle politique de la ville ». AC Le Feu, le Droit au logement (Dal) ainsi qu'une dizaine d'autres associations ont dénoncé un « énième effet d'annonce » et l'absence de moyens financiers. Les protestataires ont choisi la Haute autorité de lutte contre les discriminations et pour l'égalité (Halde) pour exprimer leur mécontentement. Le porte-parole du PS, Julien Dray, a décerné une note « en dessous de la moyenne » au plan « Espoir banlieue », exposé par le président Nicolas Sarkozy qui est, selon lui, privé « de souffle, de vision ». Selon le député de l'Essonne, « il y a eu neuf mois de travail, beaucoup d'énergie dépensée par Fadéla Amara, qu'il faut saluer ». La porte-parole du groupe socialiste à l'Assemblée nationale, Aurélie Filippetti, a, quant à elle, affirmé vendredi dernier, que « le plan kärcher anti-glandouille a fait pschitt ! ». Dans un communiqué, la députée PS de Moselle juge que ce plan est « un non-événement convenu et sans portée ». Mme Filippetti reconnaît « quelques bonnes propositions disparates, comme l'aide pluri-annuelle aux associations, la création d'internats scolaires, les contrats d'autonomie ». Mais, juge-t-elle « nous attendions du président de la République des mesures concrètes budgétisées sur le rééquilibrage financier entre villes pauvres et villes riches, sur la fiscalité locale et la dotation urbaine », avant de dénoncer le « vide abyssal » au lieu d'« annonces fortes ». « La lutte contre la ghettoïsation des banlieues devrait être une priorité nationale et les émeutes continueront tant que l'on refusera de traiter les questions de fond », estimait le sociologue Laurent Muccielli, à la veille de la présentation par Nicolas Sarkozy du Plan banlieues. « C'est l'un des principaux maux qui rongent la société française aujourd'hui. Or, il n'est pas reconnu comme tel », a-t-il ajouté. « Refuser de voir les problèmes sociaux, ça s'appelle faire la politique de l'autruche », a dit Laurent Mucchielli. « Sortir de la logique misérabiliste » « En fin d'année, on pourra commencer à voir les premiers effets de cette nouvelle politique de la ville », a dit, vendredi dernier sur France 2, Fadéla Amara, invitée à commenter le Plan banlieues, insistant sur une dynamique qui n'est « pas une question d'argent ». Interrogée sur l'absence de chiffrage du programme présenté par le président Sarkozy, la secrétaire d'Etat à la Politique de la ville a répondu : « Ce n'est pas une question d'argent, le Président lance une nouvelle dynamique. On est en rupture avec les précédents plans banlieues qui accumulaient les mesures ». « Là, chaque ministre va être mis à contribution pour que ça change dans les banlieues. (...) Tout va se faire rapidement », a-t-elle encore déclaré, ajoutant qu'il « fallait sortir de la logique misérabiliste ». Parmi les mesures annoncées par Nicolas Sarkozy figurent la création d'un « contrat d'autonomie » pour « accompagner vers l'emploi » en trois ans plus de 100 000 jeunes des quartiers en difficulté, en y favorisant les créations d'entreprises, le déploiement de 4000 policiers supplémentaires en trois ans dans les quartiers sensibles pour y maintenir l'ordre et lutter contre les violences urbaines, le déblocage d'une enveloppe de 500 millions d'euros, prélevés sur les financements du Grenelle de l'environnement, pour développer les transports en commun dans les quartiers sensibles, la généralisation des écoles de la deuxième chance, destinées à ceux qui ont décroché du système scolaire. Nicolas Sarkozy veut en faire « la priorité de son quinquennat » ; la présence, à temps plein, d' « un représentant de l'Etat par quartier » à partir « du 1er septembre », « doté d'une véritable autorité sur les services de l'Etat dans le quartier pour imposer la mise en œuvre des objectifs du plan national et pour pouvoir les obliger à travailler ensemble », la création d'« internats d'excellence » pour les enfants issus de milieux défavorisés. Les grandes lignes du plan Espoir banlieue avaient été tracées par Fadéla Amara le 22 janvier à Vaulx-en-Velin (Rhône), avec trois priorités, l'insertion par le travail, la lutte contre l'échec scolaire, le désenclavement. Fadéla Amara invitée du CJAF La secrétaire d'Etat à la Politique de la ville, Fadéla Amara, sera l'invitée du Club des journalistes algériens de France et franco-algériens (CJAF), mercredi au Centre d'accueil de la presse étrangère (CAPE) pour une conférence-débat avec les représentants des médias français et étrangers accrédités en France. Une autre rencontre avec la presse réunira des représentants du Réseau des algériens diplômés des grandes écoles et universités françaises (REAGE), les P-DG de la compagnie aérienne Aigle Azur, Meziane Idjerouidène et du groupe Cevital, Issaâd Rebrab, à l'initiative du CJAF, mercredi de 15 à 17 h au CAPE, sur le thème global de la construction de liens et de partenariats concrets entre l'Algérie et la France.