La convention Ramsar ne protège pas, elle oblige les autorités à prendre des mesures de conservation selon le principe de l'utilisation rationnelle. L'Algérie compte environ 1500 zones humides, 1000 naturelles et 500 artificielles (barrages et autres retenues). Ce nombre a été élevé récemment à 2300, mais l'inventaire est approximatif et imprécis. Il reste en effet à parfaire les critères d'inventaires car une zone humide ce n'est pas uniquement la présence de l'eau. A ce jour l'Algérie a inscrit sur la « Liste Ramsar » 50 sites qui couvrent près de 3 millions d'hectares. Les zones humides algériennes se distinguent par une étonnante diversité dont certaines sont d'une indéniable originalité. Avec ces classements, la communauté internationale a pu découvrir des zones humides d'un genre exceptionnel comme les oasis ou encore les «gueltas», ces résurgences miraculeuses d'eaux souterraines, blotties dans le sein des massifs sahariens, dans la région la plus aride de la planète. L'Algérie a adhéré à la Convention Ramsar en 1983 en inscrivant des deux premiers sites : le lac Oubeïra et le lac Tonga qui sont également des zones intégrales du Parc national d'El Kala, dans la wilaya d'El Tarf à l'extrême nord-est du pays. Il faut cependant souligner que, contrairement à l'idée répandue, l'inscription d'un site sur la liste Ramsar ne lui confère aucun statut de protection. En revanche, elle impose aux autorités centrales et locales qui ont l'ont soumis à l'inscription de prendre un ensemble de dispositions juridiques, administratives et techniques à la mesure de la reconnaissance de l'importance internationale de ses valeurs biologiques, économiques et culturelles. La convention de Ramsar préconise dans ce sens l'élaboration de plans de gestion pour chaque site en vue de l'utilisation rationnelle de ses ressources hydriques, animales, végétales et également esthétiques. Si, chez nous, quelques plans de ce type ont vu le jour, il faut malheureusement déplorer qu'ils ne soient pas appliqués et qu'ils sont restés dans les tiroirs. A chaque session des COP de Ramsar, les pays fournissent des rapports auto-évaluateurs sur la situation de leurs zones humides. Celui de l'Algérie indique que le pays s'est doté d'«une stratégie nationale de gestion écosystémique des zones humides avec une nouvelle approche participative avec tous les secteurs». Ce serait la panacée comme l'ont été les plans de gestion recommandés par Ramsar, lorsqu'ils étaient en vogue, il y a quelques années. Ils dorment dans les tiroirs. Ils avaient en effet coïncidé avec la manne financière des années 2000. Contrairement à ce que l'on veut faire croire, ce n'est pas la réduction des budgets qui est en cause. Les zones humides, comme du reste tout ce qui touche à la protection de la nature et de l'environnement, ne sont pas passées au rang de préoccupations majeures autant pour les gouvernants et décideurs que pour la société. L'improvisation est devenue la marque de fabrique du développement, de l'aménagement du territoire et de l'occupation des sols. Elle a laissé le champ libre à l'urbanisation effrénée et à une gestion catastrophique des déchets et des eaux usées qui ont fait des belles et riches zones humides de véritables cloaques. Dans les aires protégées, où on est censé être plus vigilants, ce sont les lubies des décideurs qui font craindre le pire. A chaque crise financière, on se souvient subitement qu'avec notre beau pays et à l'image des pays voisins, c'est le tourisme qui va nous sauver. Alors, pour attirer les investisseurs ou ce qui est considéré comme tel, les pouvoirs publics, instrumentalisant la loi, font de larges concessions quitte à laisser s'implanter dans les réserves classées les plus farfelus des projets.