Depuis 1873, date de la démolition de l'un des joyaux rarissimes de l'architecture de l'Occident musulman, les Amis de la Tachfinya ont choisi, pour cadre de leur première manifestation, un monument hautement symbolique, un prestigieux monument qui a failli subir à jamais l'usure du temps et des hommes. Un monument retraçant et rappelant solennellement à tous des siècles d'histoire, les siècles qui ont assuré la pérennité de la capitale ayant jeté les bases de l'Algérie moderne et contemporaine. L'historien et anthropologue, Djilali Sari, prend pleinement conscience de l'œuvre à faire concrétiser vis-à-vis des générations présentes et futures afin, dit-il, « de les concilier avec leur histoire ». L'histoire d'une ville, de toute notre patrie. « C'est Bordj Es-Saffarine, occupant une position hautement stratégique de la cité zyanide. Un monument qui, une fois restauré et réhabilité à bon escient, sera l'un des pôles des plus actifs de nombreuses manifestations à caractère socioculturel. D'autant qu'il jouxte la salle de conférences de la nouvelle faculté de médecine Abou Bekr-Belkaïd, un autre joyau renouant avec les riches traditions artistiques raffinées de Tlemcen. » Très subtil et fortement documenté, le professeur nous fait déambuler, avec gaieté, entre les méandres de notre histoire. Ainsi, de par la symbolique de leur première manifestation, leur premier acte, « les Amis de la Tachfinya » ont tenu à marquer l'événement qui devra rehausser l'histoire culturelle et scientifique de l'Algérie tout entière. En effet, l'université Tachfinya, l'œuvre du prince mécène Abou Tachfine (1318-1337), devait rehausser la Grande mosquée almoravide du XIe siècle, toute proche, et le Méchouar, par excellence le centre gouvernemental dû au fondateur de la dynastie régnante, Yaghmoracène (1235-1283). C'est à dessein, affirme-t-il, que l'équivalente de la Zitouna, en Tunisie, ou la Quarawine, au Maroc, a été ciblée par la puissance coloniale et l'a détruite sous le fallacieux prétexte d'aménagement d'une place publique. Une si grave amnésie… En conclusion de sa conférence intelligemment suivie par des chercheurs et des spécialistes, il rappellera la « nécessité impérieuse de reconstruire la Tachfinya, un projet techniquement et artistiquement réalisable à l'instar de tant de monuments, non moins prestigieux, reconstruits à travers le monde. » C'est, désormais, le projet auquel s'attachent les « Amis de la Tachfinya » en symbiose avec toutes les bonnes volontés pleinement conscientes de leurs responsabilités, et de nous apprendre, lui le président d'honneur de cette association des « Amis de la Tachfinya », qu'à cet effet, « un programme a été fixé en fonction des priorités de l'heure, notamment l'organisation à terme de journées d'études pour mieux sensibiliser les milieux directement concernés et, par là même, le public ». Un véritable délice…