De l'avis des officiels, le transport scolaire dans la wilaya de Mascara est assuré à 100%. Sur le terrain, c'est une autre réalité : portant chacun un lourd sac à dos, des centaines d'écoliers du primaire, habitant des zones éloignées et enclavées, parcourent, quotidiennement, par beau temps ou mauvais temps, plus d'un kilomètre à pied pour rejoindre les bancs de leurs lointaines écoles. C'est pareil pour les élèves des cycles moyen et secondaire. Ce sont purement et simplement les responsables des communes qui sont pointés du doigt. «Plusieurs responsables communaux à Mascara gèrent le service du transport scolaire comme bon leur semble», dénonce un parent d'élève. Et d'ajouter : «Le tribalisme fait partie des ingrédients de la mauvaise gestion du transport scolaire. D'après les témoignages, plusieurs écoliers privés du transport sont sont victimes des conflits tribaux entre les élus, soit du diktat de certains chauffeurs des bus.» «Un chauffeur de bus de transport scolaire de notre commune n'hésitait pas à faire descendre les écoliers à mi-chemin pour une simple dispute entre enfants», nous fait savoir un parent d'élève résidant dans la localité de Abadlia, à Sehaïlia. Le chauffeur, nous répondra le maire, «a été suspendu». En outre, des parents d'élèves avec lesquels nous nous sommes entretenus reprochent aux chauffeurs des bus chargés du ramassage scolaire le non-respect des horaires et des arrêts. «Au lieu d'attendre les écoliers devant leurs établissements scolaires, les transporteurs assurant le ramassage scolaire préfèrent venir en retard, obligeant ainsi les écoliers soit à prendre, à pied, le chemin du retour à la maison, soit d'attendre impatiemment, dans un climat de peur et d'insécurité, l'arrivée du fameux bus», nous dit-on. A cause du silence complice de certains responsables locaux, les écoliers endurent le calvaire. Une moyenne de 61 personnes par bus Pour ce responsable de la wilaya, ce ne sont pas les moyens qui manquent mais leur utilisation efficiente et le bon sens. Selon lui, ils sont quelque 18 408 écoliers bénéficiaires du service de ramassage scolaire qu'assurent, à travers les 281 lignes, 301 bus, dont 267 appartenant aux communes. «Une enveloppe de l'ordre de 70,5 millions de dinars, dégagée dans le cadre du Fonds commun des collectivités locales (FCCL), a été accordée aux communes accusant un déficit en moyens de transport scolaire pour signer des conventions avec des transporteurs privés pour la location de 34 bus servant au transport des écoliers», nous dit-on. Mais ces dépenses colossales ne reflètent pas la réalité. Chaque jour, tôt le matin, plusieurs dizaines d'écoliers, chargés de lourds cartables ou de sacs à dos, parcourent plus d'un kilomètre à pied pour se rendre à l'école ou vice versa. Des trajets trop longs et fatigants qui encouragent souvent les enfants à quitter les bancs des classes. Quant aux autobus destinés au ramassage scolaire, ils sont souvent en panne. Souvent surchargés, jusqu'à 60 élèves par bus, plusieurs d'entre eux sont dégradés. Pour leur entretien, «un budget de plus de 116,1 millions de dinars a été dégagé dans le cadre du Fonds commun des collectivités locales (FCCL) pour la réparation et l'entretien des bus de transport scolaire», a-t-on appris. Ce qui est sûr, c'est que les défaillances enregistrées dans la gestion du transport scolaire demeurent parmi les causes principales de la déperdition scolaire dans la wilaya de Mascara.