La deuxième vague de sanctions contre l'Iran est entrée en vigueur depuis hier, lundi. L'administration américaine a inscrit plus de 600 personnes et compagnies iraniennes sur la liste des sanctions, leur imposant une situation d'isolement par rapport au reste du monde. Cette situation de blocus concerne cette fois-ci – après une première liste de sanctions entrées en vigueur en août dernier et qui comprenait des transactions financières, notamment dans le secteur automobile – les secteurs énergétique, transport maritime et bancaire. Le secrétaire d'Etat américain, Mike Pompeo, affirme que des centaines de sociétés ont quitté l'Iran et d'autres suivront graduellement, le but étant de réduire à zéro les exportations de pétrole iranien. L'objectif américain n'est toutefois pas facile à atteindre car l'Iran, troisième exportateur mondial de pétrole, demeure un fournisseur important pour nombre de pays. Les sanctions américaines épargnent d'ailleurs pour l'heure et à condition de réduire les niveaux de pétrole importé, huit pays qui sont autorisés à continuer d'importer du pétrole iranien mais sur une durée de six mois. Il s'agit de la Chine, l'Inde, le Japon, la Corée du Sud, l'Italie, la Grèce, la Turquie et Taïwan. Face à ce qu'il qualifie de véritable «guerre économique», l'Iran va essayer de contourner les sanctions américaines. «Les Américains voulaient réduire à néant les ventes de pétrole iranien (…). Mais nous continuerons de vendre notre pétrole», a déclaré hier le président Hassan Rohani qui affirme que l'Iran a déjà affronté plus dure situation. «Nous allons continuer à faire face avec fierté à vos sanctions illégales et injustes car elles vont à l'encontre du droit international», dit-il. «Il n'y aura pas d'écroulement. Une économie de contournement des sanctions se met en place : l'Iran n'a besoin que de trois clients pour vendre un million de barils par jour : la Chine, l'Inde et la Turquie», estime pour sa part un consultant installé en Iran, Cyrus Razzaghi, interrogé par le journal Le Monde. Cet analyste souligne que l'Iran pourra tenir deux années, mais si le blocus perdure plus longtemps, il sera obligé de plier et négocier avec Trump sur son programme nucléaire. Washington s'était, pour rappel, retiré en mai dernier de l'accord de Vienne signé en 2015 sous l'administration Obama. «S'ils tentent de contourner nos sanctions, nous continuerons encore et encore à prendre des mesures pour perturber leur activité. La pression maximale exercée par les Etats-Unis ne va faire que s'accroître. A partir de maintenant, les entreprises à travers le monde doivent comprendre que nous mettons en œuvre les sanctions de manière stricte», avertissait hier le secrétaire américain au Trésor, Steven Mnuchin. Outre les sanctions contre la vente du pétrole iranien que Pompeo affirme avoir réduit d'un million de barils/jour, Washington vise aussi à couper les institutions financières iraniennes du circuit bancaire international Swift. L'administration Trump a placé sur liste noire 50 banques iraniennes, 200 personnes et navires de transport et une compagnie aérienne avec 65 de ses avions. Les Etats-Unis fermeront leur marché à toutes les compagnies contrevenant à ses exigences de boycott de l'Iran. L'Union européenne, qui n'est pas concernée par la dérogation d'importer le pétrole iranien, est dans une situation délicate car elle aura du mal à trouver des mécanismes lui permettant de contourner les exigences américaines. Même la compagnie Total, qui a cessé d'importer le pétrole iranien, espérait une dérogation américaine concernant le projet gazier South Pars 11 dont elle détient 50,1% des parts aux côtés de PetroChina et de l'iranien Petropars. Les sanctions américaines contre l'Iran ne manqueront pas de perturber davantage un marché pétrolier volatile et sans direction. Une flambée des prix du brut n'est pas à exclure, contrairement aux attentes américaines. L'Iran fait partie des géants parmi les exportateurs de pétrole, réduire son volume de brut sur le marché provoquera un effet dopant pour les prix.