Le guide suprême d'Iran, l'ayatollah Ali Khamenei, a affirmé hier que le président américain Donald Trump a «discrédité» son pays, rapporte l'APS. Comme il a indiqué que Washington serait l'ultime perdant dans le rétablissement des sanctions à l'encontre de Téhéran. «Ce nouveau président américain (…) a discrédité ce qui restait du prestige des Etats-Unis et de la démocratie. Le pouvoir de contraindre des Etats-Unis, en utilisant leur puissance économique et militaire, est également en déclin», a déclaré l'ayatollah Khamenei sur son compte Twitter. Il a rejeté le rétablissement des sanctions américaines, notamment celles contre le secteur pétrolier iranien qui doivent entrer en vigueur demain. «La dispute entre les Etats-Unis et l'Iran dure depuis 40 ans, et les Etats-Unis ont beaucoup agi contre nous», a-t-il poursuivi en dénonçant «une guerre militaire, économique et médiatique». A son avis, «dans cette dispute, les perdants sont les Etats-Unis et le vainqueur est la République islamique». Les Etats-Unis ont confirmé, vendredi, qu'ils rétabliraient demain toutes les sanctions levées dans le cadre de l'accord de 2015 sur le nucléaire iranien, dont Donald Trump a décidé de retirer son pays. «Le président Donald Trump réimpose les sanctions les plus dures jamais adoptées», a annoncé la Maison-Blanche. Dans un communiqué, le président américain a expliqué que «l'objectif est de forcer le régime à faire un choix clair : soit abandonner son comportement destructeur, soit continuer sur le chemin du désastre économique». Il s'agit de la deuxième phase des sanctions rétablies depuis le retrait des Etats-Unis de l'accord de Vienne. Ces sanctions visent les secteurs de l'énergie, notamment les exportations de pétrole iranien que Washington veut ramener aussi près de zéro que possible, ainsi que le secteur bancaire, la construction navale et le transport maritime, a indiqué le chef de la diplomatie américaine, Mike Pompeo. Huit pays bénéficient toutefois de dérogations et seront autorisés temporairement à continuer d'importer du pétrole iranien, «mais uniquement car ils ont fait preuve d'efforts importants pour ramener leurs importations de brut vers zéro» et «ont coopéré» avec les Etats-Unis «sur de nombreux autres fronts», a-t-il soutenu sans nommer ces Etats. Néanmoins, des sources officielles américaines ont affirmé qu'il pourrait s'agir d'alliés de Washington comme le Japon, l'Inde ou la Corée du Sud. Des responsables irakiens ont annoncé que leur pays avait obtenu une dérogation. De son côté, la Turquie a dit faire partie des huit pays bénéficiant de cette dérogation à venir. Le ministre turc de l'Energie a déclaré avoir été appelé par Mike Pompeo à ce propos. La Chine pourrait aussi figurer parmi les pays bénéficiaires de cette mesure. Détermination Pour prouver la fermeté des autorités américaines, le secrétaire d'Etat a relevé que la précédente administration de Barack Obama avait octroyé des dérogations à 20 pays. En tout, 700 personnes ou entités vont être ajoutées à la liste noire américaine, a affirmé de son côté le secrétaire au Trésor, Steven Mnuchin. Les sanctions vont pénaliser les pays qui refuseraient d'arrêter d'importer le pétrole iranien et les compagnies qui continueraient de signer des contrats avec les entités iraniennes figurant sur la liste noire émise par les Etats-Unis. Sont concernés la Banque centrale iranienne mais aussi nombre d'institutions financières privées, ainsi que des ports ou des compagnies maritimes étatiques. Il a ajouté que les Etats-Unis souhaitent couper du circuit bancaire international Swift les institutions financières iraniennes frappées par des sanctions, sauf pour les «transactions humanitaires». Il a toutefois laissé entendre que certaines banques iraniennes seraient autorisées à rester connectées à Swift. La première salve des sanctions américaines contre Téhéran a pris effet durant la première semaine de août. Elles comprennent des blocages sur les transactions financières et les importations de matières premières, ainsi que des mesures pénalisantes sur les achats dans le secteur automobile et l'aviation commerciale. En mai, le président américain a retiré son pays de l'accord sur le nucléaire, signé par l'Iran et le Groupe 5+1 (Etats-Unis, Russie, Chine, Grande-Bretagne, France, Allemagne) en juillet 2015, à Vienne. Accord à travers lequel l'Iran s'est engagé à ne jamais chercher à se doter de l'arme atomique. En contrepartie, Téhéran a obtenu une levée progressive des sanctions économiques qui lui étaient imposées jusque-là. Le président Trump a affirmé qu'il reste «ouvert» à un «accord plus global sur l'ensemble des activités néfastes» de l'Iran, «y compris son programme balistique et son soutien au terrorisme». Il a aussi exhorté les dirigeants iraniens à changer leur «attitude menaçante et déstabilisatrice» pour retourner «dans le giron de l'économie mondiale». Il a reproché à la République islamique son soutien au président syrien, Bachar Al Assad, aux rebelles houthis au Yémen, au Hamas à Ghaza et au Hezbollah libanais. En septembre, Washington a répliqué par des menaces à l'initiative de l'Union européenne d'instaurer un système de troc avec l'Iran pour contourner les sanctions américaines. «Nous n'allons pas permettre que nos sanctions soient contournées par l'Europe ou qui que ce soit d'autre», a averti le secrétaire d'Etat américain à l'adresse de Bruxelles. Mike Pompeo a promis de suivre de près l'affaire.